Évolution de la Biodiversité⎢Argentine⎢2022

Le Cormoran
de la Ria Deseado

En partenariat avec Darwin Expediciones

Darwin, à la fin de l’année 1833, explore pour la toute première fois les steppes de Patagonie, dans la région de Puerto Deseado (à l’époque, Port Désiré). Il y décrit les paysages de la Ria Deseado (l’embouchure du fleuve Deseado) et s’étonne du peu d’animaux qui y ont élu domicile. Darwin s’intéresse tout particulièrement aux oiseaux : 200 ans plus tard, nous décidons de concentrer notre attention sur ce sujet.

La scientifique Annick Morgenthaler devient notre guide : elle nous indique bien vite que, selon elle, les paysages ne devraient pas avoir beaucoup changé depuis l’époque de Darwin. Les populations des différentes espèces d’oiseaux sont stables dans le temps, du fait de la faible densité humaine de la région. Toutes, sauf une : le Cormoran de Gaimard, sur lequel nous décidons d’enquêter.

1833

La zoologie de la Patagonie est aussi limitée que sa flore. Dans les plaines arides, quelques coléoptères noirs (Heteromera) pouvaient être vus rampant lentement, et parfois un lézard s’élançait d’un côté à l’autre. Parmi les oiseaux, nous avons trois faucons charognards et, dans les vallées, quelques pinsons et mangeoires d’insectes. Un ibis (Theristicus melanops — espèce qu’on dit qu’on trouve en Afrique centrale) n’est pas rare dans les parties les plus désertiques : dans leur estomac j’ai trouvé des sauterelles, des cigales, des petits lézards et même des scorpions.

– Charles Darwin, Voyage du Beagle, 1833

2022

La biodiversité de la Ria Deseado a peu changé depuis l’époque de Darwin, du fait d’une faible activité humaine dans la région.

Du reste, le déclin relatif d’une espèce comme le Cormoran de Gaimard indique que l’empreinte humaine (pêche, industrie minière et espèces invasives) commence à avoir un impact sur les écosystèmes naturels.

Les effets du réchauffement climatique sont difficiles à anticiper.

1833

La zoologie de la Patagonie est aussi limitée que sa flore. Dans les plaines arides, quelques coléoptères noirs (Heteromera) pouvaient être vus rampant lentement, et parfois un lézard s’élançait d’un côté à l’autre. Parmi les oiseaux, nous avons trois faucons charognards et, dans les vallées, quelques pinsons et mangeoires d’insectes. Un ibis (Theristicus melanops — espèce qu’on dit qu’on trouve en Afrique centrale) n’est pas rare dans les parties les plus désertiques : dans leur estomac j’ai trouvé des sauterelles, des cigales, des petits lézards et même des scorpions.

– Charles Darwin, Voyage du Beagle, 1833

2022

La biodiversité de la Ria Deseado a peu changé depuis l’époque de Darwin, du fait d’une faible activité humaine dans la région.

Du reste, le déclin relatif d’une espèce comme le Cormoran de Gaimard indique que l’empreinte humaine (pêche, industrie minière et espèces invasives) commence à avoir un impact sur les écosystèmes naturels.

Les effets du réchauffement climatique sont difficiles à anticiper.

Découverte des steppes de Patagonie

Nous avons commencé notre exploration des environs de Puerto Deseado, sur la rive nord de la Ria. Ici, la steppe s’étend à perte de vue. À son sujet, Darwin écrit : « Çà et là s’élèvent des touffes éparses d’herbes brunes et filiformes, et, plus rarement encore, quelques buissons épineux bas. » J’ai photographié un de ces buissons, du genre Senecio et dont la détermination de l’espèce requerrait un examen plus approfondi (il existe 32 espèces de ce genre, rien qu’en Patagonie !).

Le climat de steppe caractérise les régions qui sont trop sèches pour que des arbres puissent y pousser, mais pas suffisamment sèches pour devenir des déserts. La majeure partie de la Patagonie Argentine relève de ce climat. Darwin écrit : « En contemplant ces paysages, sans un objet brillant à proximité, j’éprouve un étrange sentiment d’excitation. On peut se demander combien d’âges la plaine a ainsi duré, et combien d’autres elle est condamnée à continuer ainsi. »

« Personne ne peut répondre – tout semble éternel maintenant.
Le désert a une langue mystérieuse, Qui enseigne un terrifiant doute. »
– Percy Bysshe Shelley – Lines on Mont Blanc, cité par Charles Darwin dans Le Voyage du Beagle.

Le cactus de Darwin

Voici Maihueniopsis darwinii, un petit cactus que l’on trouve dans la steppe de Patagonie. Vous avez bien lu : le nom de l’espèce fait référence à Darwin, le nom de la plante ayant été donné par John Stevens Henslow en hommage à notre naturaliste préféré. Henslow était botaniste, c’était un des mentors de Darwin, et c’est d’ailleurs grâce à son entremise que Charles embarque pour le tour du monde sur le Beagle !

Maihueniopsis darwinii a été observé pour la première fois par Darwin à Puerto Deseado, en 1833 ou 1834. Il remarque avec curiosité que la fleur du cactus a l’incroyable capacité de bouger quand on la touche : « J’ai trouvé ici une espèce de cactus […] qui était remarquable par l’irritabilité des étamines, quand j’insérais soit un bout de bâton soit le bout de mon doigt dans la fleur. »

Ce phénomène est aujourd’hui connu sous le nom de thigmonastie, et décrit tout mouvement d’un organe végétal en réponse à un stimulus physique. Dans le cas du cactus de Darwin, ce sont les étamines de la fleur qui se referment vers le pistil (le centre de la fleur) pour favoriser la pollinisation lors du passage d’insectes pollinisateurs comme les abeilles ou les papillons.

Comme Darwin, nous étions avec Margot tout à fait fascinés par les mouvements rapides de la fleur. En plus, nous avons eu la chance de voir une abeille collecter du pollen à l’intérieur, et de constater que la technique du cactus était plutôt efficace (voyez sur la photo comme le pollen se dépose sur l’ensemble du corps de l’insecte). Maihueniopsis darwinii se porte plutôt bien depuis l’époque de Darwin, puisque l’espèce est classée dans la catégorie Préoccupation Mineure par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

Le Cormoran de Gaimard

Son nom latin est Phalacrocorax gaimardi, il doit son nom au naturaliste français Joseph Paul Gaimard, ce qui rappelle un peu l’histoire du cactus de Darwin que je vous racontais il y a deux jours. C’est un oiseau côtier, qui se nourrit de petits poissons de roche et d’invertébrés qu’il trouve jusqu’à 15 mètres sous la surface !

Les individus que nous avons observé habitent une colonie localisée sur la rive nord de la Ria Deseado : sa position précise nous a été révélée par Annick Morgenthaler, une biologiste de Puerto Deseado spécialiste des oiseaux marins. Nous nous y sommes rendus en dinghy avec Margot et Félix, afin de documenter la période de reproduction de ces cormorans à pattes rouges.

On compte environ 2000 oiseaux reproducteurs sur la façade atlantique, uniquement en Patagonie, et 18 000 du côté Pacifique. De toutes les populations d’oiseaux de mer de la région, celle des cormorans de Gaimard est la seule en déclin. L’espèce est d’ailleurs considérée comme quasi menacée par l’IUCN. Cette information nous a mis la puce à l’oreille : que pouvons-nous faire pour aider ?

Nous avons voulu nous rendre sur place pour produire des photos et des vidéos, pour documenter l’avancée de la naissance des petits. Annick nous a en effet indiqué qu’il était très curieux que certains œufs n’aient pas encore éclos, pendant que certains jeunes sont déjà suffisamment matures pour prendre leur envol.

Évidemment, le mystère de leur déclin n’est toujours pas résolu. Il en va ainsi de notre connaissance du monde naturel : parcellaire, mais en progression constante. Le dérèglement climatique serait-il en cause ? La modification des paysages ? La pollution plastique ? Le développement de la pêche industrielle ? Ou encore, une cause tout à fait naturelle ?

Il est certain que les scientifiques sont attentifs à l’évolution de la colonie. Si le déclin de la population devait se renforcer, la science aura peut-être réussi à en identifier les causes : des solutions pourraient alors être proposées.

Le lièvre, espèce invasive des steppes

On continue notre exploration de la biodiversité de Puerto Deseado 🤩 Chaque nouveau pas dans la steppe de Patagonie nous émerveille. Margot est passionnée par les oiseaux, elle ne sort jamais sans ses jumelles et son livre d’identification. Il y a tellement d’espèces différentes qu’il serait bien difficile de s’en passer pour reconnaître chaque animal !

Aujourd’hui, nous avons eu la chance d’observer un Tinamou élégant (Eudromia elegans) ! On trouve des Tinamous uniquement sur le continent américain : c’est un oiseau que l’on dit terrestre, car il vole très mal. La version « élégante » se trouve, elle, uniquement en Argentine et un peu au Chili. Ce bel oiseau est très craintif, mais nous avons malgré tout réussi à l’observer d’assez près. Du fait de son aire de répartition très large (1 400 000 kilomètres carrés), cette espèce est classée dans la catégorie non menacée – Préoccupation mineure par l’UICN.

En continuant notre exploration de la steppe, nous avons rencontré un lièvre d’Europe (Lepus europaeus). À l’inverse du Tinamou élégant, l’espèce n’est pas locale, mais bien invasive. Les espèces invasives sont la deuxième cause de perte de biodiversité et d’extinction des espèces, la première étant la destruction d’habitat. Leur apparition est liée aux mouvements d’hommes. Dès les grandes explorations du XVIe siècle, il était courant que les gros bateaux européens transportent des rats, des lapins, des chats… qui se sont ainsi répandus sur la surface du globe. Aujourd’hui, la globalisation et le commerce mondial qui s’intensifie augmentent significativement les risques !

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