Action Citoyenne⎢Brésil⎢2022
Reforestation
chez les Pataxo
En partenariat avec Programa Arboretum
Darwin, posant pour la première fois le pied au Brésil en 1832, s’émerveille de la quantité de vie qui occupe cet écosystème : la forêt primaire est immense, mais nous sommes à l’aube de 200 ans d’exploitation de la forêt, qui perdra environ 90% de sa surface jusqu’à nos jours. Cette destruction n’est pas sans conséquences sur des milliers d’espèces habitant la forêt, comme le paresseux à crinière.
Si la déforestation apparaît comme un problème majeur, la reforestation en est son pendant positif. Nous avons documenté le travail du Programa Arboretum, qui plante des parcelles d’arbres au sein de la communauté des indigènes Pataxo. Le projet est la preuve de la connexion forte entre action écologique et action sociale.
1832
En Angleterre, quiconque affectionne l’histoire naturelle apprécie lors de ses promenades d’avoir toujours quelque chose pour retenir son attention; mais sous ces latitudes fertiles, grouillantes de vie, ces attractions sont si nombreuses qu’il en devient presque impossible de marcher.
Considérant l’immensité du Brésil, la proportion occupée par les terres cultivées est minime, comparée à celle laissée à l’état de nature : dans un avenir lointain, le pays pourra subvenir aux besoins d’une vaste population !
– Charles Darwin, Voyage du Beagle, 1832
2022
Aujourd’hui, 90% de la forêt tropicale Atlantique a été coupée pour assurer le développement de la nation brésilienne. Cette exploitation a conduit de nombreuses espèces, animales et végétales, au bord de l’extinction.
Charles Darwin avait donc vu juste dans ses prévisions, mais ne se doutait probablement pas de l’impact désastreux du développement humain sur la biodiversité.
Les projets de reforestation, comme ceux conduits par le Programa Arboretum, font preuve de la bonne volonté d’une partie de la société brésilienne. Son lien fort avec la culture des populations indigènes est une exemple à suivre.
1832
En Angleterre, quiconque affectionne l’histoire naturelle apprécie lors de ses promenades d’avoir toujours quelque chose pour retenir son attention; mais sous ces latitudes fertiles, grouillantes de vie, ces attractions sont si nombreuses qu’il en devient presque impossible de marcher.
Considérant l’immensité du Brésil, la proportion occupée par les terres cultivées est minime, comparée à celle laissée à l’état de nature : dans un avenir lointain, le pays pourra subvenir aux besoins d’une vaste population !
– Charles Darwin, Voyage du Beagle, 1832
2022
Aujourd’hui, 90% de la forêt tropicale Atlantique a été coupée pour assurer le développement de la nation brésilienne. Cette exploitation a conduit de nombreuses espèces, animales et végétales, au bord de l’extinction.
Charles Darwin avait donc vu juste dans ses prévisions, mais ne se doutait probablement pas de l’impact désastreux du développement humain sur la biodiversité.
Les projets de reforestation, comme ceux conduits par le Programa Arboretum, font preuve de la bonne volonté d’une partie de la société brésilienne. Son lien fort avec la culture des populations indigènes est une exemple à suivre.
Planter pour revitaliser
Depuis la ville d’Ilhéus, nous avons loué une voiture pour continuer notre périple à l’intérieur des terres. Nous sommes allés à la rencontre du projet Arboretum.
Créé et financé par le gouvernement brésilien, ce projet a pour objectif de replanter d’anciennes parcelles de forêt aujourd’hui désertes. C’est Viviane qui organise aujourd’hui l’opération de plantation, au beau milieu d’une réserve occupée par une communauté native, les indigènes Pataxo.
De nombreuses jeunes pousses d’arbres ont été ramenées par Viviane depuis une pépinière située à Teixera de Freitas, une ville située à une centaine de kilomètres au sud. Plusieurs espèces sont ici représentées, toutes natives de la Mata Atlanticâ. Le mélange a ainsi pour objectif la recréation d’un écosystème parfaitement autonome, où chaque arbre joue un rôle différent. Par exemple, une espèce d’arbre à croissance rapide va permettre rapidement, au bout de quelques mois seulement, de créer l’ombre nécessaire à la croissance d’une autre espèce.
Au bout de quelques années, la parcelle sera suffisamment boisée pour que les indigènes puissent y planter des cacaoyers, des bananiers ou encore du manioc. Ces espèces supportent en effet mal la monoculture, et poussent mieux à l’ombre de grands arbres. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui l’agroforesterie, mais cette technique est en fait depuis longtemps usitée par les indigènes eux-mêmes.
Ainsi, l’initiative de reforestation a-t-elle plusieurs bénéfices. Le premier est de revitaliser la forêt, victime de la déforestation provoquée par l’expansion urbaine, l’agriculture ou encore la culture d’essences comme l’eucalyptus pour la fabrication du papier. La deuxième est de permettre aux indigènes de renforcer leur autonomie alimentaire et de pratiquer une activité économique durable (la culture puis la vente de fèves de cacao et de bananes).
Dans la région d’Ilhéus, les premiers cacaoyers n’ont été plantés que quelques dizaines d’années après le passage de Darwin. Il ne s’agit donc pas nécessairement ici de recréer purement et simplement les écosystèmes originels de la Mata Atlanticâ. Il s’agit plutôt de s’inspirer de ceux-ci en leur adjoignant des cultures plus récentes pour permettre le développement d’une société économiquement viable et naturellement durable.
S’inspirer des cultures locales
Je vous parlais hier des indigènes Pataxo (qui se prononce Patacho), sur le territoire desquels nous plantons aujourd’hui des arbres. Cette tribu occupait une partie du territoire brésilien bien avant l’arrivée des colons européens, et en particulier des Portugais. Aujourd’hui, ils nous ont accueillis chez eux et nous avons ainsi pu avoir une idée de leur manière de vivre.
Un peu comme aux États-Unis, les indigènes ont été, à travers l’histoire brésilienne, progressivement rassemblés dans des réserves. Celles-ci sont très grandes, bien sûr, mais ne représentent qu’une petite partie de leur territoire originel.
La tribu des Pataxo vivait ainsi à proximité des côtes. Selon Romario, un chef de famille indigène, leur nom vient du bruit des vagues qui viennent inlassablement déferler sur les plages : pa-ta-xo-pa-ta-xo-pa-ta-xo !
C’est Ramario qui nous a invités à rester quelque temps dans leur village. Il nous a même hébergés cette nuit dans une petite maison à côté de la sienne ! Les indigènes restent essentiellement dans leur réserve, et ne vont que rarement en ville. Ils ont réussi à conserver un mode de vie très proche de la nature.
D’ailleurs, aujourd’hui est un jour très particulier. Ils organisent une cérémonie dont l’objectif est de rentrer en communion avec les arbres qui les entourent. Ils utilisent des sortes de pinceaux très fins, trempés dans une encre noire, pour se dessiner des motifs sur le visage et sur le corps. Ils enfilent des costumes colorés et s’ornent de plumes d’oiseaux de la forêt. Ils enfilent des bracelets de cosses séchées autour des chevilles, et s’équipent de sortes de maracas contenant des graines qui représentent les esprits de leurs ancêtres.
Ainsi équipés et préparés, ils se mettent à chanter en choeur d’antiques chansons en langue Pataxo. Ce faisant, ils battent la mesure avec leurs maracas et leurs pieds, qui produisent grâce aux cosses dont leurs chevilles sont pourvues un court cliquetis semblable à la pluie.
Ils célèbrent ainsi l’absolue dépendance entre leur vie et celle de la forêt qui les entoure, et qui leur apporte leur subsistance. À l’époque de Darwin, les indigènes étaient déjà bien malmenés par les colons européens. Certains épisodes sanglants relatés dans la Voyage du Beagle attestent de la violence de la colonisation des terres brésiliennes. Mais aujourd’hui encore, certaines tribus subsistent et réussissent à conserver ce lien si spécial qui les unit à la nature.
Le projet Arboretum, dont je vous parlais hier, a l’intelligence de prendre en considération ces anciennes coutumes dans sa stratégie de reforestation. Comme les Pataxo, il suppose que la bonne santé de l’écosystème naturel dans son ensemble est à la base du bon fonctionnement des sociétés humaines qui en dépendent.
S’il est tout à fait improbable que nous dansions un jour tous parés de plumes multicolores, il me semble tout à fait à propos de s’inspirer de la philosophie Pataxo. Je me risque à la résumer ainsi : c’est la bienveillance vis-à-vis de la Nature qui est la condition première à une société durable et heureuse.
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