Programme Scientifique⎢Cap-Vert⎢2021
Étudier le poulpe commun
du Cap-Vert
En partenariat avec Faculdade de Ciências da Universidade de Lisboa
Arrivé au Cap-Vert, Charles Darwin se passionne vite pour la pieuvre commune, Octopus Vulgaris. Dans sa quête de connaissance, il est limité par les moyens techniques de l’époque. Et si Darwin avait accès au scaphandre de plongée moderne, qu’aurait-il découvert ? Pour répondre à cette question, nous avons créé un programme scientifique sous-marin piloté depuis notre navire. Eduardo Sampaio, biologiste de Faculté des Sciences de Lisbonne spécialiste des comportements des céphalopodes, a rejoint l’équipe pour 60 heures de travail sous-marin, réparties sur 15 jours.
Les objectifs : mieux cerner la présence des poulpes sur les îles désertiques du Cap-Vert et les soumettre à des tests comportementaux.
Jours d'Exploration
Chercheur associé
Heures de plongée
Conclusions scientifiques
1832
J’ai été très intéressé, à plusieurs reprises, par l’observation des mœurs d’une pieuvre ou d’une seiche. Bien que communs dans les flaques d’eau laissées par la marée descendante, ces animaux n’étaient pas faciles à attraper. Au moyen de leurs longs bras et de leurs ventouses, ils pouvaient entraîner leur corps dans des crevasses très étroites ; et une fois ainsi fixés, il fallait une grande force pour les enlever.
En cherchant des animaux marins, la tête à environ deux pieds au-dessus du rivage rocheux, je fus plus d’une fois salué par un jet d’eau, accompagné d’un léger grincement.
– Charles Darwin, Voyage du Beagle, 1832
2021
Avec l’aide de scaphandres de plongée autonomes, nous avons scientifiquement confirmé la présence d’Octopus vulgaris dans des endroits auparavant inaccessibles à Charles Darwin.
L’espèce fait l’objet d’une pêche à petite échelle par les pêcheurs locaux. Parallèlement, la pêche industrielle menée par des bateaux espagnols et chinois se concentre sur les gros poissons et les requins, qui se trouvent être des prédateurs naturels des poulpes. Cette double dynamique se traduit par une population équilibrée et stable pour l’espèce.
Notre estimation repose sur un raisonnement général, nous disposons de peu d’informations précises, notamment parce que Darwin ne relève pas d’informations statistiques sur les espèces qu’il décrit.
1832
J’ai été très intéressé, à plusieurs reprises, par l’observation des mœurs d’une pieuvre ou d’une seiche. Bien que communs dans les flaques d’eau laissées par la marée descendante, ces animaux n’étaient pas faciles à attraper. Au moyen de leurs longs bras et de leurs ventouses, ils pouvaient entraîner leur corps dans des crevasses très étroites ; et une fois ainsi fixés, il fallait une grande force pour les enlever.
En cherchant des animaux marins, la tête à environ deux pieds au-dessus du rivage rocheux, je fus plus d’une fois salué par un jet d’eau, accompagné d’un léger grincement.
– Charles Darwin, Voyage du Beagle, 1832
2021
Avec l’aide de scaphandres de plongée autonomes, nous avons scientifiquement confirmé la présence d’Octopus vulgaris dans des endroits auparavant inaccessibles à Charles Darwin.
L’espèce fait l’objet d’une pêche à petite échelle par les pêcheurs locaux. Parallèlement, la pêche industrielle menée par des bateaux espagnols et chinois se concentre sur les gros poissons et les requins, qui se trouvent être des prédateurs naturels des poulpes. Cette double dynamique se traduit par une population équilibrée et stable pour l’espèce.
Notre estimation repose sur un raisonnement général, nous disposons de peu d’informations précises, notamment parce que Darwin ne relève pas d’informations statistiques sur les espèces qu’il décrit.
Le témoignage d’Eduardo
Je m’appelle Eduardo, j’ai 33 ans et j’ai étudié la biologie à l’Université de Lisbonne, où j’ai développé un véritable intérêt pour les pieuvres. Actuellement chercheur invité à l’Institut Max Planck du comportement animal en Allemagne, je vais bientôt devenir post-doctorant au Département du comportement collectif.
Mes recherches se concentrent principalement sur le comportement des céphalopodes, et en particulier, j’ai étudié comment les contextes sociaux influencent leur prise de décision. Un aspect qui m’intrigue particulièrement est la coordination entre les pieuvres et les poissons lorsqu’ils chassent ensemble. C’est pourquoi lorsque Victor m’a proposé de rejoindre l’expédition du Captain Darwin, j’ai tout de suite accepté cette opportunité incroyable.
Participer à cette expédition m’offre l’occasion de mieux comprendre l’histoire naturelle des poulpes et de vérifier si des chasses collectives entre poulpes et poissons se produisent dans les écosystèmes tempérés. Ces découvertes pourraient grandement m’aider à orienter mes futures recherches sur le terrain. Je suis impatient de contribuer à cette aventure et d’approfondir mes connaissances sur ces fascinantes créatures marines.
Même si notre navire n’était pas une réplique exacte du HMS Beagle, le célèbre bateau de Darwin, notre expérience sans Internet et avec une électricité limitée pour nos appareils électroniques, ainsi que les interactions sociales typiques en mer, m’ont vraiment transporté dans l’époque de Charles Darwin. Durant cette expédition, j’ai saisi l’occasion pour lire son livre « L’origine des espèces ». Malgré ma connaissance préalable des principes fondamentaux de la théorie de l’évolution par sélection naturelle de Darwin, je n’avais jamais lu l’ouvrage lui-même.
Chaque jour, notre routine commençait vers 7 heures du matin, avec un réveil doux suivi d’un petit-déjeuner et d’un café chaud, tout en admirant le lever du soleil sur fond d’îles désertiques. Nous planifiions ensuite nos activités pour la journée : les sites de plongée, le nombre de plongées prévues, l’heure du déjeuner, et parfois un peu de temps libre après le repas (idéal pour une sieste). Le reste de la journée était consacré à la capture de vidéos et à apprécier une bière occasionnelle au coucher du soleil.
Tout cela m’a fait ressentir l’esprit d’aventure de Charles Darwin lors de ses voyages, découvertes et observations à travers les mers lointaines.
A 30 mètres de profondeur, Eduardo vient d’observer, sous un rocher, la première pieuvre de la mission.
Lorsque notre programme de plongée a débuté, nous avons été pris par surprise. Nous avons bien trouvé des poulpes, mais ils semblaient se terrer dans leurs tanières en raison de la saison de reproduction. Malgré cela, nous avons tout de même pu observer quelques couples sur les îles de Raso et Santa Luzia.
Pour optimiser nos observations, nous avons changé notre approche de « recherche et suivi » à des méthodes de « surveillance ». Dès que nous repérions une pieuvre ou un couple, nous installions des caméras fixes pour enregistrer leur comportement en notre absence. Pour mes recherches sur les énigmes cognitives, j’avais emporté dans mes bagages quelques objets simples, dont un miroir, pour effectuer des expériences en pleine nature. Nous avons utilisé le miroir et les caméras pour mener des tests de miroir simples, permettant d’évaluer comment les poulpes réagissent à leur propre reflet. Ces tests servent à mesurer leur agressivité et peuvent être une première étape pour des tests d’auto-reconnaissance en laboratoire, évaluant si les individus se reconnaissent dans le miroir.
Nos explorations au Cap-Vert ont ainsi abouti à plusieurs découvertes : des rapports d’accouplement de poulpes, une observation potentielle d’une nouvelle espèce envahissante (à confirmer), une validation préliminaire du test du miroir et surtout, une expérience personnelle incroyable pour laquelle je suis extrêmement reconnaissant envers Nico, Martin et Victor. Cette expédition nous a réservé de belles surprises et ouvert de nouvelles perspectives pour mes recherches sur le comportement des poulpes.
Conclusions Scientifiques
Notre navire s’est révélé particulièrement apte à conduire des programmes scientifiques sous-marins en milieu reculé, grâce à sa grande autonomie, à la présence d’outils d’explorations aquatiques et à la présence de spécialiste capables d’opérer ces outils (plongeurs, marins et scientifiques). Le travail intensif a produit trois conclusions scientifiques nouvelles et a été relayé dans le magazine américain Science.
Présence d’Octopus vulgaris dans la zone subtidale • Pendant une expédition scientifique précédente, Eduardo a conduit un programme d’observation des poulpes depuis la surface, en snorkling, sans pouvoir constater la présence du poulpe commun en dehors de la zone intertidale (entre marée basse et marée haute). La mise à disposition par Captain Darwin de moyens de plongée en scaphandre autonome a permis à Eduardo d’établir scientifiquement pour la première fois la présence d’Octopus vulgaris jusqu’à 30 mètres de profondeur au Cap-Vert.
Décalage de la période de reproduction • Les 6 individus que nous avons pu observer étaient tous dans des phases reproductives, nous avons d’ailleurs pu filmer une reproduction grâce à une caméra installée devant la tanière d’un poulpe femelle. Les observations, réalisées en novembre, ne correspondent pas au calendrier habituel pour cette espèce, connue pour se reproduire dans l’Atlantique nord un mois plus tôt. Des recherches plus précises devront être entreprises pour comprendre l’origine de ce décalage.
Réactions au test de conscience en milieu naturel • Eduardo est le premier scientifique a avoir conduit le test de conscience dit « du miroir » sur Octopus vulgaris en milieu naturel au Cap-Vert. Les enregistrements démontrent une forte réaction, mais la méthode scientifique utilisée ne permet pas d’établir clairement la conscience de l’espèce. Ces expérimentations constituent une base scientifique pour des tests plus poussés en laboratoire.
Quelle évolution de la population de poulpes depuis Darwin ?
De nos jours, il y a une pression anthropique causée par la pêche dans cette région. Bien que les îles désertiques soit une réserve naturelle, certains pêcheurs des îles voisines viennent y pêcher les poulpes pour les utiliser comme appâts. Cette pratique tendrait à faire diminuer la population d’Octopus vulgaris.
Mais, en même temps, il y a un déficit de plus en plus important de grands prédateurs (comme les requins par exemple), car ils sont également pêchés par les pêcheurs, à un rythme encore plus soutenu que les poulpes. Les données dont nous disposons ne sont pas précises, car une partie d’entre elles concernent la pêche illégale, il est donc difficile d’évaluer la situation avec exactitude.
Globalement, compte tenu de la diminution des prédateurs naturels, et malgré une menace liée à la pratique de la pêche, je dirais que la population est à peu près la même depuis l’époque de Darwin. Contrairement aux zones surexploitées comme Israël par exemple, les poulpes sont encore craintifs ce qui montre que leurs prédateurs sont encore présents. Mais ces requins ou gros poissons, eux, ont vu leur population fortement diminuer depuis le XIXe siècle.
– Eduardo Sampaio, 2021
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