Du mollusque sur l’estran
Le Mollusque sous toute ses coutures
Les élèves de 5ème du collège du Porzou à Concarneau sont allés à la pêche aux mollusques en ce début de mois de mars. Ils sortent sous un ciel gris et un temps menaçant. Mais la chance est de notre côté il semblerait ! Pas une goutte d’eau n’est tombée. Nous allons du côté de la Anse de Kersaux pour faire nos observations à marée basse. Nathalie Delliou de l’association Esprit Nat’ure anime cette sortie et l’alimente de nombreuses anecdotes qui captivent l’attention des élèves.
Une présentation du groupe des Mollusques est faite à l’école. Nous nous penchons sur 3 classes que l’on va rencontrer sur l’estran : les Bivalves, les Gastéropodes ainsi que les Céphalopodes (que l’on espère mais ne sommes pas sûr d’observer). Une première question est lancée : qu’est-ce qui lie les animaux appartenant au groupe des Mollusques ? Des réponses ici et là sont proposées : « ils ont un corps mou », « ils ont pas de muscle », « ils ont une coquille »… Effectivement, nous dit Nath, le mot mollusque tire sa racine du latin mollis qui veut dire mou. Mais attention, il a bel et bien un muscle, qui est dans son pieds pour les Gastéropodes mais qui peut également être réparti autre part comme chez les coquilles St-Jacques. Ce que l’on nomme la noix de St-Jacques est en fait un muscle qui lui sert à fermer et ouvrir sa coquille. Et d’ailleurs, puisqu’on en parle, saviez-vous qu’elles ont environ 200 yeux ? Enfin, ce ne sont pas réellement des yeux, plus des miroirs qui permettent de réfléchir la lumière et d’être alerté lorsqu’un prédateur approche. Nathalie nous donne d’autres détails intéressants sur la morphologie, la respiration ou encore l’alimentation des Mollusques de l’estran Breton. Les Gastéropodes par exemple, ont une langue râpeuse appelée radula qui sert aux brouteurs. Elle leur permet de gratter, râper, décoller ou déchirer la nourriture accrochée au substrat.
Nous finissons cette présentation par un défilé d’espèces montrées aux élèves pour voir s’ils en connaissent certaines. Et à notre surprise, sans même un guide d’identification en main, ils reconnaissent les bigorneaux, les littorines, les monodontes et les nasses.
Les 200 yeux de la Coquille St-Jacques et la morphologie d’une moule
Équipés d’épuisettes, de bacs transparents et de bottes de pluie, nous partons dans la Anse vaseuse de Kersaux avec en tête un objectif : récolter le plus de Bivalves et de Gastéropodes différents pour ensuite revenir en classe et les identifier. L’activité est lancée après un rappel des consignes par Nathalie : on fait attention aux espèces que l’on récolte pour ne pas trop les stresser, elle seront relâchées après qu’on les ait observées et surtout, si l’on veut déplacer un rocher pour voir ce qui se trouve dessous, on remet en place la roche. Car en effet, l’habitat qui se trouve sous le rocher peut mettre jusqu’à 3 ans à se reconstituer à l’identique si l’on ne remet pas délicatement la roche en place. Nathalie nous explique également qu’il y a différents types d’habitats pour les espèces que l’on cherche : les blocs, les marres, les creux des roches et le dessous des pierres. Elle propose en premier lieu d’aller chercher des Troques, ce Gastéropode qui vit sur la roche ou dans les flaques dont les motifs en bandes serrées ravissent les yeux. Chaque groupe part de son côté et finit par récolter toutes les espèces qu’il trouve sur son passage.
La pêche du jour
Après une dizaine de minute à arpenter l’estran, les bacs sont déjà bien remplis. Un groupe a réussi à attraper une crevette dans son filet. Mais elle est vite relâchée, ca ne fait pas parti des habitant de l’estran que l’on recherche. Nathalie nous reprécise un détail important. L’ouverture par laquelle sort la tête des Gastéropodes indique s’ils sont herbivores ou carnivores. En effet, une ouverture ovale prolongée par un petit canal comme chez la Nasse réticulée, nous indique que l’espèce est carnivore, alors qu’une ouverture ronde accompagnée d’un trou central est caractéristique des espèces herbivores comme la Troque monodonte. La Nasse est d’ailleurs équipée d’une radula épaisse et puissante qui lui permet d’arracher la chair de sa proie par lambeaux entier. Autre détail important, elle consomme des animaux morts et peut sentir leur odeur à 20 voir 30 mètres de distance !
Une huîtres, une coques et quelques littorines
On observe plusieurs berniques sur les rochers, appelée Patelle communes. Nathalie nous explique que les patelles adaptent la marge de leur coquille pour épouser la forme du rocher sur lequel elles s’établissent. Mais ca ne les empêche pas de se déplacer ! Elles peuvent parcourir de bonnes distances pour trouver de la nourriture et revenir exactement au même endroit grâce à la substance chimique qu’elles laissent sur leur passage ! Eh oui, à l’image du petit poucet, elles parsèment leur route de traces qui leur permettent de retourner chez elles sans se perdre.
En ce 8 mars, le coefficient de marée est de 85, ce qui nous donne la possibilité d’aller de l’autre côté de la anse sans se mouiller les pieds. Mais c’est sans compter la vase ! Certaines bottes restent coincées dans plus de dix centimètres de sable et on se retrouve à devoir tirer d’affaire une élève dont le pieds est bloqué.
Sur l’autre bord on retrouve Nathalie qui a un objectif en tête, trouver un Lièvre de mer sous un rocher. Elle s’affaire à soulever toutes les roches que l’on croise pendant que les élèves continuent d’inspecter les marres à la recherche de nouveaux spécimens. Le Lièvre de mer est un Gastéropode assez singulier puisque sa coquille est à l’intérieur de son corps, elle n’est donc pas visible. Lorsqu’il est dérangé ou qu’il se retrouve face à un prédateur, il secrète une substance violette qui perturbe les organes olfactifs du prédateur en simulant de la nourriture, comme un leurre. C’est un animal un peu à la marge du groupe des Gastéropodes, qu’il aurait été intéressant d’observer. Malheureusement, malgré une bonne quarantaine de roches soulevées, nous n’en trouvons aucun. On repart donc en classe, les bacs transparents remplis d’espèces que l’on va observer en classe.
Une blennie dans la main de Nathalie – à la recherche de la crevette attrapée dans un filet – observation de l’ouverture des Gastéropodes
De retour sur les paillasses de la salle de SVT, chaque groupe est chargé de séparer dans un même bac les espèces appartenant à la classe des Gastéropodes et celles appartenant à la classe des Bivalves. Plutôt simple comme distinction : les bivalves sont composées de deux valves / coquilles, alors que les Gastéropodes ont généralement une seule coquille plus ou moins spiralée. Le deuxième exercice est un peu plus complexe. Il s’agit d’identifier à quelle espèce appartient chaque individu. À l’aide d’un guide d’identification, les élèves s’essaient à nommer ce qu’ils ont sous les yeux. Nathalie pendant ce temps-là, dissèque une des berniques trouvées pour en extraire la radula. Elle nous montre ensuite au microscope cette fameuse langue (la radula) qui est connue pour avoir des dents faites du matériau le plus résistant au monde : la goethite. Les élèves passent à tour de rôle leur œil dans l’oculaire du microscope pour l’observer et peuvent voir apparaitre sur cette bande fine des rangées ordonnées de 3 dents collées.
La radula dans l’oculaire du microscope.
Un temps est ensuite alloué à la restitution des identifications. Chaque groupe présente ses trouvailles, et complète la liste au tableau. 10 gastéropodes ont été trouvés, contre 6 bivalves. On a des Gibulles ombiliqué, mage, une Crépidule, des Bigorneau, des pourpres mais également des restes de St-Jacques, d’huîtres ou encore de couteau… Cette sortie a été riche, les élèves ont pu appréhender sous un œil nouveau la biodiversité qui se trouve à 5 minutes à pied de leur établissement, et nous espérons qu’ils ont appréciés ce moment en dehors de leur salle de classe !
Nous nous disons au revoir et à bientôt pour a visio avec Victor ! Au programme, une comparaison avec le poulpe du Cap Vert est prévue.
Rédaction : Sacha, service civique en charge de la coordination du programme pédagogiques de l’association Captain Darwin.