Expédition à Confort-Meilars à la rencontre des chauves-souris

Juin 29, 2022 | Pedagogie

Jeudi 2 juin, nous partons à la découverte de la chauve-souris. Après 1 h de car les élèves de l’école primaire Marc Bourhis de Trégunc arrivent à Confort-Meilars. C’est dans la forge que va se dérouler la sortie du jour, et plus précisément dans le grenier de celle-ci. En effet, ce lieu va nous intéresser aujourd’hui car il abrite une colonie de grands rhinolophes, l’une des plus grandes chauves-souris d’Europe. Christian Lioto, du Groupe mammalogique breton, nous amène à leur rencontre.

D’habitude les groupes que reçoit Christian ne sont pas amenés à voir directement de leurs yeux les petites locataires du lieu, ils peuvent seulement les apercevoir sur l’écran de télévision qui diffuse en temps réel les images de l’étage au-dessus. Mais un problème technique va rendre la sortie encore plus immersive pour les élèves. Accompagnés par Christian, par groupe de 3, les enfants vont pouvoir observer de leurs propres yeux les chauves-souris grands rhinolophes. Un premier groupe est désigné, s’aventure dans la forge et grimpe les quelques marches pour accéder au premier étage. C’est dans un silence des plus profonds que le petit groupe s’avance vers Christian, qui tient au bout de son bras une grande lampe. Cette lampe, Christian, la dirige vers le grenier, encore quelques marches à gravir et le premier élève pourra distinguer les silhouettes des petits mammifères volants suspendues à la charpente. Pendant quelques secondes, plus un bruit dans la pièce, même pas un chuchotement, nous retenons notre souffle, que voit-il ? Il descend d’une marche les yeux brillants, le sourire jusqu’aux oreilles, il les a vu, elles étaient là tout près, il en à même vu une voler. Il descend et laisse place à un de ses camarades, qui lui un peu plus effrayé finit tout de même par monter. Aucune crainte à avoir, les chauves-souris ne s’accrochent pas aux cheveux comme on l’entend parfois.

Expédition dans le grenier
Pendant que les groupes se suivent pour observer les chauves-souris, les élèves restés dans la salle d’exposition se lancent dans une lecture des panneaux. Une partie de l’exposition étant consacré à la perception des chauves-souris dans le monde, les élèves peuvent observer des sculptures venant des quatre coins du monde, notamment de Papouasie et ainsi mieux comprendre comment ces animaux sont vus par les différentes civilisations par exemple en Asie elles sont symbole de l’éternité et du bonheur. Après avoir observé des sculptures, des peintures, des gravures pourquoi ne pas dessiner également une chauve-souris ? Munis d’un crayon gris et d’un cahier de brouillon, ils choisissent leur muse et commencent à dessiner.
Les chauves-souris sources d’inspiration
Le dernier groupe revient de l’expédition menée au grenier. Ce fut vraiment un moment exceptionnel. Christian descend lui aussi, il va pouvoir se lancer dans la présentation du monde des mammifères volants. Les chiroptères comportent plus de 1000 espèces dans le monde, dont 30 en Europe. En Bretagne c’est le seul mammifère volant, 17 espèces ont été recensées. Elles appartiennent à deux familles : la première, les Rhinolophidés qui ont une feuille nasale en forme de fer à cheval. Le grand rhinolophe appartient à cette famille, c’est le plus grande d’Europe avec une envergure pouvant atteindre 40 cm. Facile de se rappeler la forme du nez de cet animal puisque la forge où nous nous trouvons faisait de nombreux fers à cheval à l’époque. Mais il y a aussi la famille des Vespertilionidés, caractérisée par un museau allongé.
Présentation des chiroptères
Christian explique que les chauves-souris sont de grandes mangeuses d’insectes comme des coléoptères, des papillons, des araignées et notamment des moustiques pour le plus grand plaisir des élèves. Mais comment chassent-elles ? Elles utilisent l’écholocation, une sorte de radar qui permet de se repérer dans l’espace et de repérer les proies et même repérer l’épaisseur d’un cheveu à 10 mètres. Elles envoient un ultrason puis analysent ensuite l’écho. Les chauves-souris partent chasser aux crépuscules dans les zones humides, les forêts, les bocages et cela dans un rayon d’environ 3 kilomètres.

Ici à Confort Meilars c’est une maternité, parmi les chauves-souris présentes, une partie est restée pendant l’hiver, ce qui est assez rare, cela veut dire que les hivers sont de plus en plus doux. Christian poursuit, “ elles ont commencé à quitter leur gîte d’hibernation au mois de mars-avril pour venir vers les maternités”. Chez les grands rhinolophes, les petits vont naître en juin, ils restent pendant environ 1 mois accrochés à leur mère et s’entraînent ensuite à voler. Fin août les petits sont autonomes et commencent à aller chasser dans un rayon d’un kilomètre, puis à partir de fin septembre, ils repartent vers les gîtes d’hibernation. La chauve-souris peut très bien se réveiller pendant l’hibernation quand la température monte au-dessus de 10 °C, au-dessus de cette température les insectes aussi se réveillent, il y a donc à manger. Après avoir chassé pendant quelques heures, elles replongent en hibernation jusqu’à février/mars.

Cycle biologique des chauves-souris (source : GMB)

Mieux connaître c’est mieux protéger, alors parfois le GMP organise des captures de chauves-souris pour détecter des colonies, pour cela ils utilisent des filets. Christian explique qu’ ils ne seront en mesure de capturer que les chauves-souris qui viennent d’attraper un insecte, car occupées à boulotter elles n’émettent pas d’ultrason. Des balises peuvent aussi être posées sur des chauves-souris, ce qui permet de les suivre et voir où elles gîtent. Une autre technique consiste à étudier les pelotes de réjection des rapaces, en déterminant les micromammifères, on peut ainsi savoir qui habite dans un secteur donné. Un appareil est également utilisé pour entendre les chauves-souris, le détecteur d’ultrasons, mais certains insectes en émettent aussi. Tous les ans depuis 2005, des comptages sont faits et tous les comptages sont collectés par le MNHN de Bourges, pour avoir les effectifs d’une année sur l’autre sur tous les départements français. Le GMB a constaté que la population augmentait progressivement dans la forge, mais comment font-elles pour entrer dans cette forge demande un élève ? C’est par la cheminée de la forge, explique alors Christian. L’héritier de la forge racontait qu’avant la Seconde Guerre mondiale il y avait déjà des chauves-souris au grenier, donc la colonie est très ancienne. En général, on peut retrouver des chauves-souris dans un endroit à température élevée, c’est-à-dire dans les tas de bois, sous les ardoises des toitures, arbres creux, dans des caves, dans des grottes, sous les ponts et évidemment dans les greniers.
Détecteur d’ultrasons et filet permettant d’étudier les chauves-souris
Mais les chauves-souris ont la vie dure, en cause : l’activité humaine. L’utilisation des pesticides dans les champs ou de produits toxiques dans les charpentes sont de véritables fléaux, les substances s’accumulent dans l’organisme et entraînent la mort des chauves-souris. S’ajoutent à cela la régression et la fragmentation de son habitat, d’une part les constructions qui s’élèvent non seulement dans les villes, mais aussi en périphérie des campagnes, les terres agricoles, les haies, les bois, les bocages disparaissent, ce sont autant de nourriture en moins. Car s’il n’y a pas de végétations, il n’y a pas d’insectes et s’il n’y a pas d’insectes il n’y a pas de nourriture et donc plus de chauve-souris. La fragmentation par l’installation de réseau routier est aussi une source de mortalité très importante. Bien que les chauves-souris soient intégralement protégées par la loi, il faut agir sur le terrain, et cela passe par des actions simples comme: maintenir les chauves-souris dans les habitations ou encore, poser des gîtes artificiels.

Rédaction : Eva Texier, stagiaire en charge de la coordination des programmes scientifiques et pédagogiques de l’association Captain Darwin.

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