Regards croisés entre l’hirondelle et l’alouette de Raso
14h00 heure française l’appel est lancé ! Ce ne sont pas une mais trois classes de Nizon qui se connectent à la plateforme. La classe de Fanny Le Noc mènera l’échange puisque ce sont ses élèves de CE2/CM1 qui sont partis en décembre à la découverte de l’hirondelle. Sous forme de petits groupes, chaque élève a mobilisé ses connaissances et ses souvenirs pour présenter à Victor des éléments de leur sortie. Un élève par groupe est désigné comme rapporteur pour porter les idées des collègues. Victor est très heureux de les voir, il commence à raconter ce qu’il a fait les semaines précédentes et ce qu’il va faire dans les prochains jours. Les élèves sont attentifs et émerveillés à la vue des petits paresseux qui sont projetés sur le tableau de la classe.
A leur tour de faire rêver Victor ! Un des élèves chargés de la description de la sortie s’avance devant la caméra et explique le déroulé de cette demi-journée passée avec Maryannick une bénévole de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO): découverte de la biologie des hirondelles, des nids et des problématiques qu’elles rencontrent.
L’alouette, c’est pareil il y’a plusieurs espèces. Pour reconnaître les animaux, il faut bien les observer pour repérer chez eux des signes distinctifs qui vont permettre de déterminer l’espèce. “A votre avis, comment peut-on faire” demande Victor, nos apprentis ornithologues ont l’œil: “avec la couleur, en regardant le bec, en observant la taille” et oui, pour reconnaître les différentes espèces d’oiseaux nous pouvons nous baser sur ces critères. L’une des caractéristiques pour identifier une alouette de Raso, c’est la petite houppette qu’elle a au-dessus de la tête, très marquée chez le mâle. Si nous n’avons pas de paire de jumelles, un scientifique au Brésil a expliqué à Victor un geste simple qui permet de se concentrer uniquement sur une zone, il suffit de réduire son champ de vision à l’aide de ses mains en mimant une paire de jumelles. Les enfants imitent Victor et se rendent compte que cette technique fonctionne plutôt bien !
Pour l’habitat de l’alouette de Raso, c’est pareil, elle va utiliser ce qu’elle trouve dans son environnement. Regardons ensemble une photo de l’habitat de cette espèce pour comprendre ce qu’elle va pouvoir utiliser, « peut-être des petites branches d’arbres ?” questionne Victor, les réponses sont un peu tranchées, certains affirmant qu’elle ne peut pas… On va trouver de la végétation rase, pas très haute d’environ 15 cm de hauteur, donc l’alouette va pouvoir trouver un peu de branchages même si ça ne vient pas des arbres. Victor se met dans la peau d’une alouette et nous mime à l’aide d’un torchon comment s’y prend ce petit oiseau pour faire son nid. Elle fait un trou dans le sol et l’entoure de branchages pour protéger les oisillons du vent et les prédateurs repèrent moins les nids. Mais cette alouette est en voie de disparition, elle nichait plus que sur le petit îlot de Razo jusqu’en 2018.
Maintenant, place au jeu des différences. Victor montre aux élèves plusieurs dessins formant une fresque temporelle de 1600 à 2200. L’objectif est de comprendre les changements survenus sur l’île de Santa Luzia, de l’arrivée des premiers colons portugais, en passant par l’escale de Charles Darwin, puis de Captain Darwin et en finissant par un saut dans le futur pour imaginer ce que sera le paysage de cette île dans 200 ans. Le but est d’expliquer aux enfants que l’alouette a nichée par le passé sur Santa Luzia avant qu’elle ne disparaisse suite aux prédations des chats sauvages apportés par les colons. Mais c’est aussi l’occasion pour Victor de nous expliquer le travail de l’association Biosfera, qui travaille depuis longtemps à la sauvegarde de l’Alouette de Raso. En 2018, ils ont organisé la translocation de cette espèce de l’île de Razo à l’île de Santa Luzia. L’alouette a donc été réintroduite et une nouvelle population vit maintenant sur cette île.
Les alouettes au Cap-Vert subissent aussi les conséquences du dérèglement climatique, il pleut de moins en moins sur les îles, il va y avoir des sécheresses et les petits végétaux vont moins bien pousser. La pluie a aussi le mérite de rendre la terre plus molle et plus facile à creuser pour les alouettes qui voudraient faire leur nid. Il y a quelque chose de similaire au niveau de la construction des nids des hirondelles en Bretagne. La terre argileuse est de moins en moins présente due à la bétonisation des zones naturelles, elles doivent donc aller chercher ces matériaux de plus en plus loin.
Voyons maintenant quelles idées ont eu les CE1/CE2 de Nizon pour aider les hirondelles: “ il faut informer les villes pour pas que les humains enlèvent les habitats, mettre un bac avec de la terre jaune argileuse pour qu’elles fassent leurs nids très rapidement et puis construire des nids pour les hirondelles avec la LPO”. Le constat final c’est que même si les humains sont à l’origine de nombreux problèmes environnementaux, ils peuvent aussi mener des actions en faveur de la biodiversité, pour améliorer la vie des animaux et des végétaux. Victor a pu le constater au Cap-Vert avec la réintroduction de l’alouette de Raso. En Bretagne on peut aussi faire des choses pour les hirondelles, comme l’ont expliqué les élèves, on peut construire des nids, mettre en place des bacs à boues et faire en sorte que les conditions d’accueil soient meilleures pour les aider à vivre.
A la fin de cet échange, les élèves ont pu poser des questions à Victor, ils ont notamment demandé s’il avait pu goûter du cacao. Le Brésil étant le pays du cacao, il a pu goûter à la fève de cacao et en a profité pour faire son stock en chocolat. Peut-être restera-t-il une tablette pour les élèves de Nizon ?