Qui a envahi Saint-Yvi? Les petits détectives des plantes en action!

Avr 24, 2024 | Pedagogie

sUne sortie atypique m’attend ce mardi 16 avril à Saint-Yvy ! Je rejoins la classe de CE2-CM1-CM2 en compagnie de Yanick, représentant d’Esprit’Nature et bénévole de Bretagne vivante, grands connaisseurs de la flore de Bretagne.

Aujourd’hui, nous allons découvrir quelles espèces se cachent dans nos parcs de Bretagne. Envahissante ou non ? De chez nous, ou du bout du monde ?

Yannick se présente et nous dévoile que sa passion pour les plantes lui vient de sa mère, elle-même grande passionnée du végétale. À travers cette anecdote, il nous transmet qu’il suffit parfois d’une source d’inspiration du quotidien pour trouver ce qui nous passionne dans la vie. Des métiers on peut en avoir pleins, alors que les passions, ça se compte sur les doigts d’une main !

Avec le temps qu’il fait, c’est-à-dire le temps breton mi-pluie mi-soleil, nous nous munissons de bottes étanches pour partir au parc, qui se trouve juste en face de l’école. Et la sortie commence dès l’entrée ! Car Yannick nous montre la plante qui règne partout autour du ruisseau sous le pont, l’œnanthe safranée. Voilà une plante qui possède une racine hautement toxique, capable de tuer un bovin ! Une entrée en matière qui fait froid dans le dos !

Nous continuons notre chemin jusqu’à une vaste plaine remplie d’une multitude de plantes que Yannick s’empresse de nous dévoiler. Pour nous c’est un horizon vert, pour lui c’est un inventaire complet d’une multitude d’espèces ! Il y du rumex, qui se reconnaît à ces graines et sa tige rougeâtre. Je rajoute ma petite connaissance de cette plante : comme sa tige est très solide, les éleveurs de bovins n’apprécient pas que leurs vaches en consomment, car ça diminue la production de lait ! Alors qu’en production de lait de chèvre, il est très courant d’en donner aux chèvres, car celles-ci la digèrent très facilement ! Ce n’est pas pour rien que l’ont dit que les chèvres, ça mange vraiment tout ! Il y a aussi des boutons d’or, avec des étamines pleines de pollen. Yannick profite pour nous expliquer le cycle de reproduction d’une fleur, grâce aux insectes pollinisateurs, attirés naturellement par les plantes colorées ! Et comment vont celles qui n’ont pas de couleurs ? Et bien elles ont évolué de sorte à se débrouiller autrement ! Certains s’accrochent aux poils des animaux pour se répandre très loin. D’autres profitent du vent, comme le pissenlit ! Après fécondation, les parachutes, ces petits poils blancs s’envolent et se propagent. La pâquerette nous dévoile aussi ces secrets ! Ce n’est pas tout à fait une fleur comme les autres, car elle représente le sexe mâle et le sexe femelle en même temps.

Nous reprenons notre chemin, jusqu’au bord du ruisseau, ou un mur de ronce définit bien la limite du parc. Il nous explique alors que ces épines permettent à des fleurs de ce protéger des prédateurs, et protège aussi toute sorte d’autres plantes à ces « pieds », ou plutôt à ces racines. Comme le dactyle aggloméré.

La ronce, un mur pas si impénétrable que ça…

« La plante des ingénieurs », car il parait que c’est l’une des rares qu’ils connaissent ? Blague appart, le dactyle est commun, et tous les élèves semblent le connaitre. Il est même comestible et à ce moment-là, l’ensemble de la classe semble entendre « buffet à volonté » ! Chacun commence à piocher un dactyle sur le chemin qui longe le ruisseau, et le goute avec curiosité. Selon Yannick, nous ne mourrons pas de faim grâce à cette information en cas de fin du monde.

« La fin du monde »

Comme nous longeons le ruisseau, nous rencontrons aussi du houx. Et des orties. À propos du houx, nous apprenons que leur sexe est reconnaissable grâce à la présence de baie rouge pour la femelle, ainsi que des fleurs. Mais si aucun de ces deux signes n’est présent, il devient beaucoup plus dur de connaitre son sexe. Et pour l’ortie, c’est une plante très intéressante, car sa gourmandise nous apprend la qualité d’un sol ! De quoi se nourrissent les plantes ? D’élément minéral présent dans le sol.  Et l’ortie, elle, est friande d’azote et en consomme beaucoup. Votre sol est donc riche d’azote si les orties poussent sans mal dans votre jardin. D’ailleurs, Yannick arrive à les prendre à la main sans craindre les démangeaisons ! Il nous explique son tour de magie, en nous révélant qu’il suffit de prendre délicatement la fleur pour ne pas planter ses épines toxiques qui procurent cette désagréable sensation. C’est une plante qui permet aussi de soigner de nombreux problèmes de santé et que nos grands-parents utilisaient couramment pour soigner des maux de gorge, au lieu d’utiliser des médicaments. Il suffisait (et suffit toujours aujourd’hui) de la préparer en soupe pour être soigné dans la journée.

Mais comme la classe entière semble obnubilée par le dactyle, Yannick ne peut s’empêcher de nous donner une anecdote très drôle à son sujet. Si nous prenons une feuille, et que nous la plions entre nos pouces, nous pouvons « siffler » au travers. C’est alors que l’ensemble de la classe, professeure incluse, se lance dans un concert de trompette réalisé en dactyle.

Ça c’est un orchestre végétale ! 

Trêve de plaisanterie, pour nous reconcentrer sur ce qui nous entoure.

Sur le chemin qui mène au fond du parc, nous rencontrons une zone semi-bitumé, dite amortissante, sur lesquels ont été posées des structures de jeu. Nous rentrons dans le vif du sujet « les plantes dites envahissantes ». Le sol est recouvert d’une couche de mousse, et de quelques excroissances d’herbes. Yannick intervient pour nous faire remarquer que quoi que l’on construise, la nature finit toujours par reprendre ces droits et se fraye un chemin. Ainsi, lorsque cette mousse pousse au travers de ce sol texturé, et quelle meurt au bout de quelques jours, ses nutriments nourrissent l’herbe qui pousse en dessous, lui permettant ainsi de pousser jusqu’à l’air libre.

Dame Nature reprend toujours ses droits

Nous atteignons finalement le bout du parc après une heure de balade riche en informations.

Yannick nous prête des œilletons afin d’observer de plus près les plantes à nos pieds. Nous nous divisons en groupe de trois, et piochons à nos pieds toutes sortes de fleurs et de tiges toutes plus incroyables les unes que les autres vues de près. Des épines pointues, aux nervures transparentes, nous découvrons avec fascination à quel point la nature est superbe. Chacun tient une fleur à son voisin, pendant que l’autre pioche ce qu’ils n’ont pas observé, et que le troisième observe à la loupe les détails du végétal.

Le pissenlit et ses parachutes remportent aisément la médaille de la plante la plus curieuse !

Près de nous se trouvent des Nombrils de vénus, une plante grasse. Des berces spondyle, inoffensive contrairement à la berce du Caucase, connue pour ces brulures photosensibles très dangereuses ! Des stellaires, portant leurs noms pour leurs ressemblances aux étoiles dans l’imaginaire créatif. Des cardamines des prés, dont quelques élèves connaissent bien le nom. Du plantain lancéolé, de la grande famille des plantains, comme le plantain « corne » de cerf assez rependu par chez nous. (Mauvaise vulgarisation du nom, car les cerfs n’ont pas de cornes, ils ont des bois !) Et aussi des fougères, dont les spores se trouvent sous la feuille ! Encore une nouvelle façon de se reproduire dans le monde des végétaux.

Jusqu’à la dernière minute nous aurons appris des choses sur les plantes qui nous ont entourés toute l’après-midi. À présent il est temps de rentrer à l’école pour faire la liste de tout ce que nous avons observé.

Nous profitons de notre dernière demi-heure ensemble pour discuter des évolutions, végétale et animale, que nous connaissons. De la différence entre la sélection naturelle, comme avec le Mégathérium et le paresseux, et la sélection de paterne dans l’élevage de chiens. Malgré leurs jeunes âges, la classe semble saisir que rien n’est constant et que tout est en constante évolution. Nous les premiers, puisque nous sommes une espèce de singe, cousin des gorilles, et en aucun cas des « descendants des singes » ! Et après ce tour du monde des évolutions, nous nous disons au revoir, et à la prochaine fois !

La prochaine fois, nous rencontrerons Victor, sur les îles Galápagos pour une visioconférence comparant les espèces invasives animales et les espèces invasives végétales ! Les Galapagos auraient-elles trouvé l’unique solution pérenne pour protéger leurs espèces endémiques des espèces invasives ?  Comment les végétaux ont-ils évolué contre les espèces envahissantes ? Nous le découvrirons la prochaine fois !

Rédaction : Léa Canovas, service civique en pédagogie à l’environnement

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