Lou-Loutre où es-tu ?

Mai 15, 2023 | Pedagogie

À la recherche de la Loutre d’Europe 

Nous retrouvons en ce début du mois de mai, les 6èmes du Collège du Val d’Elorn à Sizun. Stéphanie Isoard qui travaille au Syndicat du Bassin de l’Elorn nous accompagne. Elle connait bien les environs et a l’habitude de travailler avec les jeunes de Sizun. Au programme, elle nous présentera la Loutre d’Europe en classe ! Nous partirons ensuite sur le terrain, dans l’Aire Terrestre Éducative (ATE) des élèves, afin d’identifier des traces de sa présence. Et enfin, point phare de la matinée, nous poserons un piège photo sur un site propice à la venue des Loutres, pour espérer en observer et vérifier leur présence dans l’ATE. Marina Oget, naturaliste aguerrie est également de la partie.

En classe, Stéphanie nous parle dans un premier temps de la Rivière de l’Elorn qui passe par Sizun et sur les berges de laquelle nous allons essayer de voir la Loutre. Cette rivière est un site protégé Natura 2000 car il regroupe un ensemble d’habitats et d’espèces dites d’intérêt communautaire comme des zones humides, des landes sèches, des Lamproies, l’emblématique Saumon atlantique et bien évidemment notre Loutre d’Europe. En parlant de Loutre, nous y arrivons ! Ce mammifère qui mesure un peu plus d’1m pèse environ 8kg. Il est de la famille des Mustélidés et vit dans les milieux aquatiques. Stéphanie nous interroge « Est-ce qu’il est plus à l’aise sur terre ou dans l’eau ? », un élève lève une main hésitante « Il est mieux sur terre ? ». Eh non, il est à aussi à l’aise les pattes dans l’eau que sur la terre ferme, il est très bien adapté ! Par exemple, lorsqu’il plonge en apnée, ses narines et ses oreilles se ferment. À l’image d’un sous-marin qui ferme ses écoutilles, elle peut plonger 7 à 8 minutes sans respirer. Ses vibrisses, sortes de moustaches qui bordent son museau, sont longues et lui permettent de bien ressentir son milieu. C’est d’ailleurs grâce à elles qu’elle réussit à chasser dans l’eau trouble des rivières du Finistère. Elle a des pattes palmées qui lui servent à courir et à nager rapidement et une queue qui lui sert à se diriger.

Qui est donc la Loutre d’Europe ?

« Et est-ce que vous savez pourquoi est-ce qu’elle a failli disparaitre de France ? », « Oui elle a été très chassée » répond une élève. En effet, elle a été chassée pour sa fourrure, particulièrement dense. La Loutre peut avoir plus de 50 000 poils au cm2, c’est énorme ! Ça lui permet d’être imperméable et donc de ne pas prendre froid en hiver. Pratique n’est-ce pas ? Mais elle n’a pas été chassée uniquement pour sa fourrure. Les pêcheurs pensaient que les Loutres consommaient tous les poissons des rivières. Considérées comme des concurrentes nuisibles, ils se sont mis à les chasser massivement, et même à consommer leur viande, dont le goût vaseux n’en faisait pourtant pas un plat de prédilection. C’est en 1973 que la chasse aux Loutres a été interdite. Elles recolonisent petit à petit des rivières françaises et actuellement sa population est stable. Cependant, les Loutres sont toujours fortement exposées à des perturbations humaines : pollution, barrages et ouvrages humaines, chocs mortels avec des voitures… Stéfanie nous fait un dernier récapitulatif des signes de sa présence, des zones où on peut la trouver et de ce qu’il va falloir observer puis nous enfilons nos bottes et nos cirés pour une sortie d’observation !

Reconnaître les indices de la présence de la Loutre

Nous partons dans l’ATE et divisons la classe en deux groupes ; les premiers qui trouvent des traces attestant la présence de Loutres téléphone à l’autre pour que l’on vienne déposer le piège photo. Pour reconnaitre le passage d’une Loutre, il faut observer des zones proches de l’eau. Comme elle vit entre terre et mer, on observera dans la terre sur les berges des rivières, des traces de pattes. Mais attention, les traces ressemblent à celles de chiens mais il ne faut pas confondre. Les Loutres on 5 doigts alors que les chiens n’en ont que 4. Et puis les griffes de Loutres sont bien plus collées que celles des chiens.

Trace de patte de chien à gauche, de Loutre à droite

Les épreintes (fécés des Loutres) sont également très particulières et confirment la présence des Loutres. Elles se trouvent sur les rives des cours d’eau, sur une pierre, au pied d’un arbre, au niveau d’une confluence ou d’un pont. Finalement elles se trouvent sur toute chose qui diffère du paysage. Elles sont sous forme de petits tas (souvent allongés, parfois légèrement cylindriques) verdâtres si elles sont très fraîches et noirs ou grises si elles ont quelques jours. Elles sont faites d’écailles et d’ossements de poissons. Mais ce qui est le plus étonnant, c’est leur odeur ! En effet, Stéfanie nous dit que contrairement à la plupart des crottes, elles ne sentent pas « mauvais », mais le miel (de châtaignier pour être précis) mêlé à un léger fumet de poisson. Un des élèves croit en reconnaitre une sur un caillou plat. Avec un bâton, il en prélève un échantillon et le porte à son nez. « Non… Ça sent rien… », nous dit-il déçu avant de manquer de mettre le bâton dans la narine de son voisin.

L’ATE et ses milieux humides

Nous continuons à parcourir le bord de la rivière. Les rires fusent, les élèves courent à la recherche d’indices, chacune et chacun croit reconnaitre des épreintes, mais Stéfanie notre experte, nous dit à chaque fois que malheureusement non, ça n’en est pas. Pour cause, il a plu dans la nuit et tout a disparu. Nous nous rabattons sur une autre activité : « trouver les maisons » des Loutres, qu’on appelle des Catiches. Elles se trouvent souvent sous les arbres ou entre leurs racines, et ont deux sorties, une sur les berges, l’autre dans l’eau, pour toujours avoir une porte de sortie ! Il peut également y en avoir dans d’autres cavités types rocheuse, dans le tronc creux, dans le terrier d’une autre espèce… Les Loutres sont pleines de ressources !

La recherche continue sur les berges de l’Elorn !

Après 1h de recherche acharnée, nous ne trouvons que peu d’indices de la présence des Loutres. Pourtant c’est sûr, elles sont bien là ! La zone est parfaite, et nous avons même cru voir des coulées, des zones où l’herbe est aplatie par le passage de plusieurs Loutres. On décide tout de même de poser le piège photo. Il est accroché avec l’accord général des élèves sur un arbre qui offre une vue sur un gros caillou plat, parfaitement adapté aux besoins de la Loutre ! Ainsi, si le piège décèle un mouvement, une photo se déclenchera automatiquement et nous saurons si les Loutres vivent ici. Les éco-délégué.es de la classe sont chargé.es par Stéfianie de venir vérifier toutes les 3 semaines si des Loutres ont été « capturées » par le piège photo. Si effectivement il y a des Loutres, ils viendront placer un piège vidéo pour avoir des séquences complètes. Les élèves ont hâte de voir si l’expérience va fonctionner ! Et nous, nous les retrouvons en juin pour une visio avec l’expédition. La Loutre sera comparée à l’Ibis rouge du Brésil, car comme celle-ci, il a disparu du Nord du Brésil car il était trop chassé pour son plumage rouge-rosé flamboyant.

Le piège photo posé et un éco-délégué ravi !

 

 

Rédaction : Sacha, service civique en charge de la coordination du programme pédagogiques de l’association Captain Darwin.

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