En quête du Héron perdu

Fév 7, 2023 | Pedagogie

Et un kilomètre à pieds…

C’est encore une matinée ensoleillée qui nous attend ce 26 janvier en compagnie de la classe de 2nd du Lycée Pierre Guéguin de Concarneau. L’objectif ? Se rendre à la plage de Pendruc à pied en partant du Minahouet, dans l’espoir d’observer des Hérons garde bœufs sur la route. Et c’est effectivement dans l’espoir de les observer que nous partons, car les vagues successives de froid qui ont touchées le Finistère Sud ont poussé les Hérons à se déplacer vers des zones plus clémentes. Il n’est donc pas évident d’en apercevoir ces derniers jours. Nous sommes accompagnés en ce jour par Nathalie Delliou, naturaliste aguerrie dont les connaissances sur les oiseaux ne sont plus à prouver. Léo, photographe et ornithologue en herbe est également de la partie.

Cette sortie a un caractère un peu spécial car elle est cumulée à un projet mené par des bénévoles de l’association La Maison, Alice et Ambre. Elles sont toutes deux chargées de créer un reportage sur cette sortie naturaliste et vont donc devoir filmer leurs camarades, trier, sélectionner les rushs et s’atteler à l’utilisation d’un logiciel de montage… Tiens tiens, cette activité fait fortement écho au travail de Victor et de l’expédition. Car en effet, Victor est documentariste et a pour objectif durant son périple, de documenter l’évolution des espèces et des paysages ainsi que les initiatives citoyennes qui œuvrent à la protection de la biodiversité. Le lien entre cette sortie et l’expédition est encore plus ténu que d’habitude. En plus d’observer la biodiversité ici en Bretagne et de la comparer à celle observée par l’expédition, nous pourrons nous aussi nous targuer de créer des vidéos à ce sujet. Nous avons hâte de voir la production de ces deux vidéastes en herbe !

 

Ambre et Alice, les vidéastes attitrées de la sortie 

Nous partons donc sur les traces du Héron garde-bœufs, munis de caméras, de jumelles, de longues vues et de bonnes chaussures de marche. Une première halte nous permet d’observer un cousin du garde-bœuf, le Héron cendré. Il se balade dans un champ à proximité du chemin sur lequel nous marchons. Nathalie réunis les élèves. La thématique de la sortie aujourd’hui est les Échassiers. Comment est-ce que l’on définit ces oiseaux ? « Ils ont au fil du temps, développés de longues pattes pour pouvoir se nourrir sur le littoral, dans les marais et les zones humides » nous dit-elle. Ils se sont effectivement adaptés à leur environnement, ce qui nous permet de faire un lien avec notre très cher ami Charles Darwin et sa découverte des becs de pinçons, adaptés au type de nourriture qu’ils ont à disposition. Les yeux scrutent le Héron dans la longue vue, quelques croquis sont dessinés, des notes sont prises quant apparait une seconde espèce : un Faucon crécerelle. Il vole au-dessus du champ et fait du sur place, ou du Saint Esprit comme on dit. On le différentie bien de la buse, sa queue est plus longue et il est plus petit.

 

Un cousin du Héron garde-boeufs, le Héron cendré qui vaque tranquillement à ses occupations

 

De retour sur le sentier, nous apercevons la mer. Nous arrivons sur la plage de Pendruc où quatre Huitriers pie se baladent sur les rochers. Nous n’en apercevons que trois de prime abord. Pourtant ils sont censés se déplacer en couple n’est-ce pas ? À peine énoncé, aussitôt un quatrième Huîtrier apparait pour nous prouver cette caractéristique comportementale ! La balade continue jusqu’à une mare située toute proche de la mer. Sur la plage nous apercevons des Bécasseaux sanderlings. Ils font des vas et vient au gré du ressac des vagues, leur course ressemble à celle d’un jouet mécanique. C’est un grand migrateur. En été il vit dans le cercle arctique et migre en hiver sur de très grandes distance. Il va en Amérique du Nord, en Europe du Sud, en Afrique ou encore en Australie. Un détail intéressant : sa masse corporelle, autrement dit son poids, augmente linéairement en fonction de la baisse de la température. C’est-à-dire qu’au plus il fait froid, au plus il va chercher à grossier pour emmagasiner de l’énergie. Nathalie continue de nous parler des oiseaux : il y a les nidicoles et les nidifuges. Les premiers se font alimenter par leurs parents au sein du nids tandis que les seconds quittent dès leur naissance le nid car ils ont déjà la capacité de se déplacer. Les Goélands en font partie. Ils quittent leur nids 3 jours après l’éclosion et se nourrissent grâce à la déglutition des parents. En effet sur le bec du Goéland il est possible d’apercevoir une tâche jour. Elle sert de repère pour les juvéniles qui tapent dessus et enclenchent automatiquement la déglutition chez leurs parents. Les juvéniles peuvent ensuite se nourrir de ce qui a été dégluti. Marrant n’est-ce pas ce mécanisme ?

 

Un Bécasseau sanderling et un regard attentif, un !

Dans la marre située proche de la plage, nous avons pu voir s’évader deux canards, possiblement des colverts. Nous rentrons dès à présent dans des détails un peu plus techniques. Nathalie prononce un terme un peu barbare à nos oreilles : la glande uropygienne. Qu’est-ce donc ? C’est une glande spécifique aux oiseaux qui se situe au niveau du croupion et qui est utilisée lors de leur toilettage, « vous savez, quand ils ont l’air de se fouiller et de lustrer leurs plumes avec leur bec ! ». Cette glande contient de l’huile. À quoi sert-elle d’après vous ? Des réponses arrivent à la volée. Une d’entre elles sort du lot : « L’huile qui est contenue dans cette glande est utilisée sur les plumes, ça sert à les imperméabiliser et à protéger le duvet de l’eau ». Bonne réponse ! « En effet, nous dit Nathalie, cette huile est hydrophobe. Elle est appliquée sur les plumes pour éviter au duvet d’être mouillé. Grossièrement, ça garde les oiseaux au sec. Et les canards, lorsque vous les voyez se trifouiller le plumage, prennent en fait soin de leur plume et de leur duvet en dessous ». Mais attention, cette théorie est depuis quelques temps controversée. Il se pourrait que cette huile aide à la flexibilité des plumes et agissent comme un antimicrobe efficace. La recherche se penche sur le sujet, affaire à suivre…

Nous continuons cette marche ventée au bord du littoral et croisons des Sternes en plein vol. Ils rasent majestueusement l’eau et nous offrent un ballet coordonné au millimètre. Arrivés en face de la plage de Porzh Breign, nous nous trouvons nez à nez avec plusieurs Oies bernaches, une espèce étudiée par l’école de Kérourgué à Fouesnant. Nathalie nous propose de fermer les yeux un instant et de prêter une oreille attentive au chant des différents oiseaux qui nous environnent. Malheureusement, l’activité n’est pas facile, le vent siffle dans nos oreilles et étouffe les mélodies de cette biodiversité littorale.

 

Un petit aparté sur l’Oie bernache et sa migration

Nous retournons sur nos pas et trouvons un recoin abrité. Les visages tournés vers le soleil, les oreilles attentives, nous réitérons l’exercice. Cette fois ci, les voix de la nature se font bien mieux entendre. Mésange charbonnière, Rouge gorge, Pipit farlouse, Troglodyte mignon, Pic vert… Plusieurs oiseaux se dessinent. Pour une oreille habituée à l’exercice il est facile de reconnaitre l’ensemble des protagonistes de cet environnement. Mais pour les élèves, c’est tout autre chose. Nathalie nous décrit les chants en mot puis nous les imite. La Mésange émet des « tsi » à répétition, de manière claire et fluide. Le Rouge gorge lui, a un chant qui sonne liquide aux oreilles. Les plus poétiques diront que ses notes semblent couler naturellement tout au long d’une phrase continue. Ce moment est d’une grande tranquillité pour nous tous et clôture cette superbe sortie aux côtés de naturalistes passionnés. Et nous avons en plus la chance qu’elle ait été filmé ! Ambre et Alice se sont tenues tout au long de la matinée légèrement en retrait pour capter des moments de découverte, d’écoute, d’éveil.

 

Un Tarier pâtre à gauche et un Rouge gorge à droite

Le Héron garde-boeufs n’a pas pointé le bout de son bec, au grand regret des élèves. Cependant une multitude d’autres espèces ont pu être observées. C’est finalement ça, le jeu du naturaliste. Partir en quête avec un objectif précis et en revenir comblé malgré que l’espèce choisie n’ait pas été observée. Les élèves restent déjeuner sur la plage et profitent encore un peu de ce soleil tant attendu. Ils retourneront à pied au lycée. Prochaine étape ? La visio avec Victor pour rencontrer l’expédition et comparer le Héron à un autre membre de sa famille : l’Ibis rouge du Brésil.

Rédaction : Sacha, service civique en charge de la coordination du programme pédagogiques de l’association Captain Darwin.

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