Du ciel à la terre en passant par le chêne
Une aventure en terre Rospordinoise !
C’est en ce jeudi 12 Janvier annoncé pluvieux que la classe de 3ème du collège de Rosporden est allée découvrir un peu plus en profondeur les merveilles de son Aire Terrestre Éducative (ATE). Mais attention, cette sortie répond à un objectif bien précis ! En effet, les élèves de Rosporden ont été mis en relation directe avec ceux du collège de Stanley aux Îles Malouines, où se trouve actuellement Victor, pour échanger sur la biodiversité de leur territoire. Ils vont pouvoir se rencontrer au cours d’une visio et se faire découvrir la faune et la flore de leur territoire respectif. Car la Bretagne abrite un paysage très différent de ce que l’on peut observer aux Malouines. C’est pour cela qu’il a été jugé pertinent que chaque classe se fasse découvrir son écosystème phare : ici, la forêt, là-bas des terres à la végétation rase digne de ce climat océanique sub-arctique.
A gauche l’Aire Terrestre Éducative de Rosporden, à droite des Manchots royaux sur une plage des Malouines
Une présentation en classe nous permet à Yannick, Julien, Marina et moi-même de nous présenter aux 30 élèves qui nous font face, ainsi que de répartir les groupes avec chaque intervenant. C’est une sortie un peu inhabituelle pour nous tous. En effet, nous n’allons pas étudier une seule espèce mais bien un écosystème dans sa globalité, et en un temps record puisque Julien, notre météorologue attitré, à bien étudié les prévisions : il va pleuvoir aux alentours de 16h, et pas que des petites gouttes. Yannick parlera des végétaux en s’appuyant sur le chêne, espèce emblématique de nos forêts et développera sur les interactions qu’il a avec l’atmosphère et la terre. Gwennaelle et Marina elles, proposeront un atelier de pistage de la faune sauvage en vue de former à la reconnaissance d’indices de présence d’animaux. C’est une expérience plus visuelle et sensible du milieu qui est offerte aux élèves, un moment de communion avec la nature. Quant aux groupes qui seront avec moi, je les emmènerai à la pêche aux zooplanctons d’eau douce et j’espèce qu’elle sera fructueuse !
Le thème de chaque atelier : zooplancton – forêt – traces des animaux sauvages
Après un rappel des consignes de respect de la nature ainsi qu’une courte marche du collège à l’ATE, nous nous retrouvons dans la forêt. Yannick arrête la classe aux pieds d’un chêne centenaire pour nous parler de l’écosystème forestier. C’est avec clarté et justesse qu’il nous explique le processus de photosynthèse. Les arbres créent leur propre nourriture – à l’inverse de nous – en absorbant le gaz carbonique de l’atmosphère et l’énergie lumineuse du soleil qu’ils combinent avec les sels minéraux et l’eau de la terre. Ils génèrent des protéines, des lipides, des glucides. Et en plus de tout cela, ils rejettent de l’oxygène dans l’atmosphère et nous permettent ainsi de respirer ! D’autres détails sont donnés sur le sol, l’atmosphère, les êtres vivants visibles et invisibles de la forêt … Puis chaque intervenant réuni son groupe pour 30 minutes d’atelier.
L’atelier faune sauvage et traces d’animaux débute par quelques questions : « est-ce que vous savez ce qu’est le pistage ? » demande Gwennaelle. La réponse, quel que soit le groupe est invariablement reliée au ski : « le pistage c’est l’activité des pisteurs » ou encore « c’est les gens qui sauvent les skieurs dans les avalanches ». Alors, oui, non, pas vraiment. « Le pistage nous dit Gwen, est l’action de trouver, d’identifier et de suivre les traces d’un animal, en vue de le retrouver ». Et pour cela il faut connaitre les traces qu’il laisse sur son passage. Quelles sont-elles ? Les réponses fusent : « Des plumes, des traces de pattes, des fèces, des restes de nourriture… ». Marina leur indique qu’ils auront plus de chance d’en apercevoir proches des arbres, dans la boue ou à côté de la rivière. Une minute de silence est ensuite demandée afin d’écouter les bruits de la forêt. Les yeux fermés, c’est maintenant à l’ouïe de prendre le relais et de permettre à chacun d’associer un élément de la forêt au son qu’il produit : la pluie sur les feuilles des arbres, le bruissement des ailes d’un oiseau, le chant d’une mésange bleu et de quelques corneilles… Cette pause, en plein milieu de l’effervescence de la sortie, est un moment quasi méditatif où chacun est invité à ressentir ce qui l’environne. La minute passée, les yeux peuvent s’ouvrir. Il est désormais temps de partir en quête des traces qui indiquent la présence des habitants de l’ATE. Très motivés par cette activité, les élèves s’en vont dans tous les sens pour ramener le maximum d’indices. Les voix s’élèvent « J’ai trouvé un gland prédaté par un vers ! ». Marina se fait entrainer par un petit groupe très fière d’avoir trouvé une trace de pas à côté d’un sentier d’animal. Malheureusement, elle est quasiment effacée et reconnaitre l’espèce qui l’a faite est peine perdue… Mais l’on ne se démoralise pas pour autant et chacun revient avec plusieurs indices : des feuilles mangées, des glands ou des châtaignes consommées, des plumes d’oiseaux… Certains ont même trouvé un terrier, qui d’après notre spécialiste Marina, n’est plus habité.
Récolter les indices du passage des animaux et ressentir la nature…
Yannick aborde avec son groupe des notions physiologiques et écologiques plutôt poussées. Il questionne les élèves sur le cycle du carbone, la nutrition des végétaux, la photosynthèse ou encore la différence entre matière organique et matière minérale. L’enthousiasme est présent ! Malgré des notions complexes, les doigts se lèvent timidement pour tenter de répondre à ces interrogations qui taraudent l’homme depuis quelques siècles maintenant. Yannick aborde ensuite une notion en lien direct avec notre très cher Charles Darwin, la notion d’espèce. « Mais alors, d’après vous, qu’est-ce qui fait que l’on est une espèce ? ». Les réponses sont intéressantes : « ce qui fait qu’on est des êtres humains, c’est qu’on a deux bras et deux jambes », oui mais les chimpanzés aussi et pourtant on ne fait pas parti de la même espèce. « Alors c’est parce qu’on parle », oui mais les oiseaux aussi parlent, ils communiquent grâce à leur chant. Arrive ensuite l’idée que l’on classe les espèces en fonction de caractéristiques communes et Yannick finalise cette discussion en expliquant qu’une espèce regroupe des individus qui peuvent se reproduire ensemble. Ensuite, muni d’une pelle et d’un sceau, un trou est creusé pour en sortir une motte de terre à ramener en classe. On y observe toutes sortes de racines, une terre bien noire – signe de sa richesse en matière organique décomposée – ainsi que quelques insectes. La terre est un support parfaitement adapté pour parler de la production d’énergie. La photosynthèse permet aux plantes de produire leur propre source d’énergie. On parle d’organismes autotrophes. Les organismes hétérotrophes sont ceux qui se nourrissent de ce qui est préexistant. Les êtres humains en font partis ! Malgré des mots compliqués et de nouvelles notions abordées, les différents sujets semblent avoir été compris. La mission menée par Yannick est finalement de faire comprendre aux élèves que tout est lié, qu’un écosystème est rempli d’interactions complexes et de dépendances : si un élément de cette forêt disparait, son équilibre risque d’en être bouleversé. D’où l’intérêt de protéger toutes les espèces !
Du ciel à la terre en passant par le chêne
Pour l’atelier zooplancton, il faut redescendre de quelques mètres vers une zone d’eau stagnante parallèle à la rivière. Avant de commencer la pêche, je demande au petit groupe s’ils ont des connaissances sur le sujet. « Oui, trépigne Ethan qui a participé au projet Terre Mer en 6ème, moi de ce dont je me souviens c’est qu’il y a deux types de zooplanctons, un carnivore et un herbivore ». Alors oui, c’est vrai que certains sont herbivores, d’autres carnivores, et d’autres sont même omnivores. Mais on peut surtout classer les planctons en deux groupes, il y a le plancton végétal appelé phytoplancton, et le plancton animal appelé zooplancton. Et est-ce que certains savent ce que veut dire le mot plancton ? Non, pas de réponse. En même temps, les élèves sont en 3ème, ils n’ont pas encore fait de grec ancien. Dans cette langue, plancton veut dire « errer ». Ce terme regroupe donc des organismes aquatiques incapable d’aller à contre-courant. Ils ne peuvent pas nager et sont ballotés au gré de la houle et des marées. Ces petits organismes microscopiques sont le premier maillon de la chaîne alimentaire et nous offrent les 2/3 de l’oxygène que l’on respire. Et oui, contrairement à une idée bien ancrée, le poumon de la planète n’est pas la forêt mais l’océan ! D’autres détails théoriques et quelques questions plus tard, nous passons à la pratique. Équipés de filets de pêche, de filtres et de microscopes à tablette, nous sommes prêts à entrer dans l’univers microscopique de la vie planctonique. Pendant que deux élèves sont chargés de pêcher du plancton, les autres préparent les microscopes à tablette ainsi que les lames de verres. Le chemin pour récupérer le plancton est périlleux, attention à ne pas glisser dans la mare ! Ce que l’on découvre sur la tablette est une vraie source d’émerveillement pour chacun d’entre nous ! Les zooplanctons à l’écran se déplacent et apparaissent pour disparaitre aussitôt ! il faut être vif et attentif pour apercevoir l’éphémère. En déplaçant la lame, nous naviguons dans l’échantillon prélevé. Le petit groupe part en éclat de rire lorsqu’un cladocère et peut être même une daphnie est observé. Elle fait du sur place en traçant un cercle, ce qui provoque l’hilarité des élèves : « On dirait un poisson rouge qui a trop bu ».
La découverte du zooplancton par de fervents néophytes du sujet
16h sonne, la pluie arrive en petite goutte d’abord et finit par tomber franchement quelques minutes plus tard. Capuches sur la tête, imper sur le dos, nous prenons une dernière photo de groupe que l’on enverra aux élèves des Malouines et rentrons, heureux d’avoir quand même pu sortir son nez dehors et se mettre dans la peau d’un naturaliste en cette après-midi de Janvier ! Gwennaelle à la tête de la petite troupe, scande « Il est où le soleil ? » en espérant que chacun répète « il est dans le cœur », à la place de quoi les élèves lui retournent un « il est pas là ! » rempli de joie.
Des sourires à envoyer aux élèves des Malouines !
La journée se termine en classe, où des échantillons d’eau sont ramenés pour observer le plancton au sec, ainsi que de la terre qui est scrutée au microscope. Chaque groupe vaque à ses occupations avec engouement jusqu’à la sonnerie finale. Cette après midi s’est déroulée à merveille malgré des conditions météos peu engageantes. Mais ce n’est pas tout. Dans quelques semaines, les élèves vont pouvoir échanger avec la classe des Malouines sur la forêt qu’ils ont maintenant mieux compris. Et surtout, ils vont le faire en Anglais !
Rédaction : Sacha, service civique en charge de la coordination du programme pédagogiques de l’association Captain Darwin.