Invasion à Keramporiel

Juin 17, 2022 | Pedagogie

Jeudi 12 Mai, cette fois les élèves ne partent pas à la découverte d’une espèce animale, mais d’une espèce végétale: le robinier faux-acacia. Par chance, l’école de Keramporiel se trouve à deux pas de la voie verte reliant Rosporden à Concarneau où se dresse de part et d’autre du chemin une belle végétation. Aujourd’hui c’est avec Micheline Malabous, herboriste, que les élèves de CE2/CM1 vont partir explorer le coin de forêt derrière l’école.
Avant d’enfiler les bottes pour s’introduire dans la végétation dense, un tour en classe s’impose. Micheline commence par reprendre les bases avec les deux grandes familles d’arbre : les conifères dont le feuillage est très persistant, comme le pin et le sapin et les feuillus dont les feuilles sont bien développées et qui pour la plupart tombent en automne.

Le robinier faux-acacia appartient à la famille des fabacées, vous en connaissez tous : petit pois, haricot vert, rouge, genet ou ajonc, toutes ces espèces vont faire des fruits en gousse. Leurs fleurs portent 5 pétales, un étendard, deux ailes puis une carène formée de deux pétales soudés. Cet arbre pousse naturellement dans les forêts du Nord-Est des États-Unis et a été introduit en Europe en 1602 par les jardiniers du roi Henri IV .
Pour que les élèves puissent reconnaître cet arbre, Micheline donne les clés pour la reconnaissance: Ses feuilles sont alternes et composées, les folioles sont ovales et vertes, les fleurs sont blanches et en grappes. Les fruits sont de petites gousses aplaties et les branches portent des épines. Le tronc lui est couvert d’une écorce grise crevassée.
Suite à cette description, certains élèves se rendent compte qu’ils en ont dans leur jardin. Mais combien d’années peut vivre cet arbre ? De 100 à 400 ans, il y a même à Paris un spécimen de Robinier faux-acacia âgé de 400 ans. Cet arbre a une croissance très rapide et peut atteindre 20 mètres de haut.

Feuilles et épines
On a vu tout à l’heure comment avait été introduit le robinier en Europe, mais qu’en est-il de son introduction en Bretagne. Cette espèce non locale a été plantée pour des raisons techniques le long des voies ferrées pour solidifier le socle grâce à ses racines mais également pour fabriquer les traverses de chemins de fer. Malheureusement cette espèce est maintenant considérée comme espèce envahissante, elle va donc engendrer des problématiques là où elle se trouve. En effet, le robinier faux-acacia s’installe au détriment des espèces locales et va donc menacer la flore sauvage, sa présence dans un site réduit alors la biodiversité de celui-ci.

Les caractéristiques de l’arbre bien en tête, les élèves sont prêts à aller découvrir la flore, munis d’une fiche d’identification de l’Office National des Forêts. L’objectif de cette sortie est donc d’en apprendre plus sur cette espèce, de l’identifier dans la forêt et de voir l’impact de sa présence sur la végétation alentour.

Les enfants au cœur de la forêt
En avant, direction la forêt !! Par petit groupe, le premier exercice est de trouver le robinier faux acacia, la moitié des élèves l’ont déjà repéré, il faut dire que cet arbre est plus que présent le long de la voie verte, mais pourquoi ? “Car la voie verte a été aménagée sur une ancienne voie ferrée” rappelle un élève. Une fois l’arbre repéré de tous, Micheline se dresse à son pied et nous explique ses utilisations. Par exemple ses fleurs peuvent s’utiliser en salade, pour faire des beignets ou du sirop, elle précise que toutes les autres parties de l’arbre sont toxiques et particulièrement les graines crues. Le bois du robinier faux-acacia, lui, est extrêmement dur, plus solide que le chêne, il est utilisé notamment pour la construction des maisons sur pilotis. Pourquoi ne pas faire une fiche d’identité ? Les enfants se munissent d’une feuille blanche, d’une craie grasse et de scotch pour pouvoir à la fois faire des empreintes du tronc et des feuilles, mais aussi pour coller une épine. Nous prenons la direction de l’Aire Terrestre Éducative des élèves de CM2 de l’école de Keremporiel, nous passons les genêts, de la même famille que le robinier faux acacia et pouvons alors faire la comparaison en regardant les fleurs de plus près. Nous continuons notre chemin afin de trouver l’endroit idéal pour la création de la fiche. Nous nous enfonçons dans la forêt, enjambant un ruisseau, mais dans cette zone, l’arbre n’est plus présent, sûrement par manque de lumière… Nous décidons alors de remonter au niveau des genêts, les robiniers faux-acacia sont de nouveau présents dans cette zone, à l’intersection nous apercevons un chemin menant à une véritable forêt de robiniers ! C’est décidé, c’est ici que les élèves prendront les empreintes.
Empreintes des feuilles
Rien de plus facile pour faire une empreinte, il suffit de glisser une feuille d’arbre entre une feuille blanche et un carton puis de venir colorier avec une craie. Pour le tronc c’est différent, les enfants viennent colorier directement contre cette partie de l’arbre. Une fois la fiche terminée, nous faisons un point pour observer le site. Il y a énormément de robiniers faux-acacia, mais pouvons-nous repérer d’autres espèces ? Les élèves ont donc pour mission de récupérer différentes feuilles pour ensuite pouvoir les identifier. 15 minutes plus tard, la cueillette finie, nous nous retrouvons dans une zone bien spéciale, il s’agit clairement de la limite de cette forêt de robiniers faux-acacia. Micheline montre une première feuille, “c’est du châtaignier » s’écrit un enfant. Autour de la deuxième feuille, une dizaine de lobes sont bien visibles, les élèves reconnaissent le chêne trouvé en bordure de la forêt de robinier. Micheline, explique que le chêne a besoin de beaucoup d’espace pour pousser d’où son absence lorsque l’envahisseur est présent.
Dans la forêt de robiniers faux-acacia
En conclusion une question est posée aux enfants : “Pensez-vous qu’une forêt avec une seule espèce d’arbre va être intéressante d’un point de vue environnemental ?” Les enfants ont compris que plus il y a une grande diversité, plus ça sera bénéfique à la fois pour les espèces animales et végétales. En général, on considère qu’une plus grande diversité protège l’ensemble de la forêt notamment contre les espèces nuisibles et les agents pathogènes, ce qui la rend plus résistante aux pressions extérieures. D’où l’intérêt d’avoir des zones avec beaucoup d’espèces d’arbres différentes, plutôt que de la monoculture par exemple (culture d’une seule espèce de plantes).
Rédaction : Eva Texier, stagiaire en charge de la coordination des programmes scientifiques et pédagogiques de l’association Captain Darwin.

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