L’école du centre-ville au cœur de la forêt

Mai 23, 2022 | Pedagogie

Voilà maintenant trois semaines que nous sommes allés dans le bois du Porzou pour faire une super sortie naturaliste sur les écureuils roux. Il est temps de partager toutes ces connaissances acquises à Victor.
On se connecte à la visio, et on voit apparaître sur le mur de la classe le visage bronzé de Victor, mais où est-il cette fois-ci ? Il demande aux enfants s’ils trouvent des indices autour de lui qui peuvent leur indiquer où il se trouve. “Dans la forêt” chuchotent certains, “au Brésil” affirment d’autres, effectivement il est toujours au Brésil et plus précisément à Guaratuba. Il nous appelle depuis la marina (le port) avec une belle vue sur la végétation et plus particulièrement sur la mangrove. C’est un écosystème particulier où les arbres, appelés palétuviers, sont recouverts en partie d’eau salée, précise Victor.

Aujourd’hui on va s’intéresser au paresseux à crinière, un animal que l’on retrouve qu’ au Brésil dans un écosystème que l’on appelle la mata atlantica, c’est la forêt tropicale atlantique qui s’étend de la ville de Recife (où Victor est arrivé il y a environ 3 mois), jusqu’au sud du brésil. Le paresseux ne va pas vivre dans la mangrove, mais dans un milieu plus touffu avec des arbres plus hauts et surtout qui ne vivent pas dans l’eau salée. Guidé par le scientifique Gastón Giné, Victor est donc parti documenter le paresseux dans la forêt il y a quelques semaines. Il explique aux enfants que ce sont des petits animaux qui font la taille d’un demi-humain et qu’ils ont un pelage marron comme les troncs et comme ils passent la majeure partie de leur temps accroché sur les arbres, ils ne sont pas faciles à repérer.

Ici, à Concarneau, la classe est allée étudier un animal très sympa, l’écureuil roux. Soline et Ombeline nous reparlent des moments forts de cette sortie. Avec tout d’abord le visionnage d’une vidéo qui parlait de la vie d’un écureuil, puis ensuite la quête de traces de ce petit rongeur au bois du Porzou, et pour finir, du land art, qui, le rappelle Soline, consiste à : “aller chercher des choses dans la nature pour essayer de représenter un écureuil roux”.
Fardine, Mathias, Arthur viennent présenter à Victor les caractéristiques de ce mammifère : “il est très mignon, il a des petites dents pointues et des griffes qui lui servent à grimper aux arbres, il une queue rousse très poilue qui lui sert à se stabiliser pour pas qu’il ne tombe et il peut se tenir debout.”

Victor nous fait maintenant la présentation de la forêt tropicale atlantique, l’écosystème du paresseux. Dans cette forêt touffue, il pleut beaucoup, il y a de grands arbres avec une canopée (la partie haute des arbres, le feuillage) qui se trouve à une dizaine de mètres de hauteur. Les paresseux vont habiter dans ces arbres, c’est l’une des principales caractéristiques, on les voit très peu aller à terre, en effet, ils descendent une seule fois par semaine pour aller aux toilettes. Ce sont des animaux très lourds avec des griffes extrêmement puissantes qui vont leur permettre de s’agripper tout en haut d’un arbre pour éviter les prédateurs qu’il peut y avoir à terre comme les pumas par exemple. Le paresseux est adapté à la vie dans les arbres, car c’est un mammifère qui ne mange que des feuilles, avec un pouvoir énergétique assez faible. Le paresseux contrebalance ce faible apport en énergie en étant extrêmement lent, en ayant un métabolisme au ralenti.

Maintenant que nous en savons plus sur l’habitat du paresseux à crinière, Timothé, Matéo et Catalina vont nous présenter le lieu de vie des écureuils. Ils vivent bien évidemment dans des arbres, mais contrairement aux paresseux, ils vont faire des nids en mousse, en branche et avec des feuilles. “Ces nids ressemblent à des nids d’oiseaux, mais en plus grands et ils se trouvent plutôt très très haut” détaille Timothé.
Wharis, Camille, Lilwenn, nous décrivent le régime alimentaire de notre ami l’écureuil, il va manger des pommes de pin, des noisettes et plus généralement des fruits à coque. Avant l’hiver il doit faire des réserves de nourriture pour avoir à manger, il va les cacher dans des troncs d’arbres ou parfois il creuse dans le sol.

Mais comment Victor a mené son enquête ? “C’est compliqué de voir le haut des arbres, dans la forêt tropicale, car c’est très dense et qu’il y a beaucoup d’information pour le cerveau: feuilles, bruits, lianes ”, donc Gaston a donné une super technique pour les trouver plus facilement. Souvenez-vous, Victor nous en avait déjà parlé lors de la visio avec l’école de Nizon “regards croisés entre Hirondelles et Alouettes de Raso”. Il faut prendre des jumelles du naturaliste, pas besoin de les acheter, car nous les avons en permanence, ce sont nos mains. Ces jumelles ne permettent pas de voir plus loin que ce qu’on voit à l’œil nu, mais elles permettent d’isoler une portion de notre champ de vision de manière à pouvoir observer de façon plus intense et plus précise. Victor mime le paresseux en se mettant autour d’un arbre, on ne verra que les fesses du paresseux, une boule de poils. A l’inverse de l’écureuil, le paresseux laisse très peu de traces, quand il grimpe sur les arbres, il ne les abiment pas, puis comme il mange que des feuilles on ne va pas trouver de trace de fruits à coque ou de pommes de pin comme on pourrait le faire avec l’écureuil.

Victor aborde maintenant les problématiques qui touchent les paresseux et plus généralement la mata atlantica. La première cause est la déforestation qui engendre la destruction des habitats naturels au profit de l’expansion urbaine, de l’agriculture ou de l’élevage. On parle de fragmentation de l’habitat, car cette déforestation vient séparer des morceaux de forêt des autres. Il y a aussi les routes qui passent et qui coupent deux morceaux de forêt, c’est donc très problématique pour les paresseux, car les populations se retrouvent isolées et la reproduction est donc plus difficile.
Avez-vous compris les points communs entre l’écureuil et le paresseux ? C’est en lien avec la perte d’habitat, c’est donc très intéressant de les comparer, car on pourrait se dire que ce sont des animaux très différents, qui vivent dans des lieux tellement éloignés et pourtant on se rend compte qu’il y a des similitudes notamment dans la modification de son habitat. Le gros problème au Brésil c’est la fragmentation de la forêt mais en Bretagne il y a aussi des arbres coupés, des routes de créées… Au Brésil, il y a des initiatives simples pour aider la biodiversité, par exemple la mise en place de ponts en bois, en cordage qui viennent connecter deux morceaux de forêt, comme un passage piéton. Victor nous explique que lorsqu’il a travaillé sur le paresseux il est aussi allé à la rencontre du projet Arboretum une initiative de reforestation (l’inverse de couper des arbres). Ce projet a pour objectif de planter des anciennes parcelles de forêt aujourd’hui désertes.
Jonas, Gaston et Lucas nous font part de leurs idées pour sauver les écureuils, comme par exemple:  » faire des zones protégées, ne pas couper les arbres utiles à l’écureuil, mettre des maisons en bois, faire des ponts pour les écureuils ». Pour finir, les enfants racontent à Victor les éléments de la nature qu’ils ont utilisés pour créer des écureuils : « des branches de bois, des épines, des pommes de pin, des fleurs, des cailloux ». Des photos des oeuvres seront montrées plus tard à Victor.

Victor conclut cet échange: “Vous n’avez pas réussi à voir d’écureuils cette fois-ci, mais en même temps c’est aussi le jeu avec la nature, les choses ne se passent pas forcément comme nous le voudrions. Ce qui est intéressant c’est que la prochaine fois que vous irez vous balader avec vos parents, ou lors d’une sortie sur le terrain avec la classe, vous pourrez utiliser la technique des lunettes des naturalistes « . Et oui, l’idée des sorties naturalistes effectuées dans le cadre scolaire est de permettre aux élèves de réinvestir les connaissances et techniques apprises sur le terrain lors de nouvelles sorties avec leur famille par exemple.

Rédaction : Eva Texier, stagiaire en charge de la coordination des programmes scientifiques et pédagogiques de l’association Captain Darwin.

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