Regards croisés entre l’hirondelle et l’alouette de Raso

Avr 19, 2022 | Pedagogie

Vendredi 1er avril 2022, les élèves de Nizon partent au Brésil, ce n’est pas un poisson d’avril mais bel et bien un échange avec le bateau de l’expédition qui les attend. Victor et Cécile sont arrivés à Búzios après 7 jours de navigation. C’est dans cette ville située non loin de Rio de Janeiro que Victor s’apprête à lancer une visio avec l’école de Nizon. Il est 9h, il démarre donc sa journée pour parler des hirondelles et de l’alouette de Raso, une espèce qu’il a documentée au Cap-Vert en novembre dernier.

14h00 heure française l’appel est lancé ! Ce ne sont pas une mais trois classes de Nizon qui se connectent à la plateforme. La classe de Fanny Le Noc mènera l’échange puisque ce sont ses élèves de CE2/CM1 qui sont partis en décembre à la découverte de l’hirondelle. Sous forme de petits groupes, chaque élève a mobilisé ses connaissances et ses souvenirs pour présenter à Victor des éléments de leur sortie. Un élève par groupe est désigné comme rapporteur pour porter les idées des collègues. Victor est très heureux de les voir, il commence à raconter ce qu’il a fait les semaines précédentes et ce qu’il va faire dans les prochains jours. Les élèves sont attentifs et émerveillés à la vue des petits paresseux qui sont projetés sur le tableau de la classe.

A leur tour de faire rêver Victor ! Un des élèves chargés de la description de la sortie s’avance devant la caméra et explique le déroulé de cette demi-journée passée avec Maryannick une bénévole de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO): découverte de la biologie des hirondelles, des nids et des problématiques qu’elles rencontrent.

C’est au tour d’Aelie de se lancer dans la description physique des 3 espèces d’hirondelles que l’on trouve en Bretagne: “ l’hirondelle de fenêtre est bleue sur le dos et blanche sur le ventre, l’hirondelle rustique est bleue sur le dos, blanc-crème sur le ventre avec la gorge et le front rouge puis il y a l’hirondelle de rivage, qui est marron sur le dos, blanche sur le ventre et avec une petite bande marron sur le cou”.
L’alouette, c’est pareil il y’a plusieurs espèces. Pour reconnaître les animaux, il faut bien les observer pour repérer chez eux des signes distinctifs qui vont permettre de déterminer l’espèce. “A votre avis, comment peut-on faire” demande Victor, nos apprentis ornithologues ont l’œil: “avec la couleur, en regardant le bec, en observant la taille” et oui, pour reconnaître les différentes espèces d’oiseaux nous pouvons nous baser sur ces critères. L’une des caractéristiques pour identifier une alouette de Raso, c’est la petite houppette qu’elle a au-dessus de la tête, très marquée chez le mâle. Si nous n’avons pas de paire de jumelles, un scientifique au Brésil a expliqué à Victor un geste simple qui permet de se concentrer uniquement sur une zone, il suffit de réduire son champ de vision à l’aide de ses mains en mimant une paire de jumelles. Les enfants imitent Victor et se rendent compte que cette technique fonctionne plutôt bien !
Les élèves miment une paire de jumelles
Par rapport aux trois espèces présentées juste avant, Nawi nous apporte des précisions sur leur habitat respectif : “La rustique vit abritée sous un toit, dans les granges ou dans les maisons, celle de fenêtre se retrouve sur un mur ou sous un toit et celle de rivage creuse 50 cm dans les falaises de sable avec son bec pour faire son nid”. Mais comment sont fabriqués ces nids ? Loan nous explique que chaque espèce d’hirondelle en Bretagne utilise ce qu’elle a à disposition autour d’elle pour faire son nid, par exemple : “les hirondelles de fenêtre prennent de la boue argileuse et font de petites boules puis elles prennent des branches et forment un nid plutôt rond”.

Pour l’habitat de l’alouette de Raso, c’est pareil, elle va utiliser ce qu’elle trouve dans son environnement. Regardons ensemble une photo de l’habitat de cette espèce pour comprendre ce qu’elle va pouvoir utiliser, « peut-être des petites branches d’arbres ?” questionne Victor, les réponses sont un peu tranchées, certains affirmant qu’elle ne peut pas… On va trouver de la végétation rase, pas très haute d’environ 15 cm de hauteur, donc l’alouette va pouvoir trouver un peu de branchages même si ça ne vient pas des arbres. Victor se met dans la peau d’une alouette et nous mime à l’aide d’un torchon comment s’y prend ce petit oiseau pour faire son nid. Elle fait un trou dans le sol et l’entoure de branchages pour protéger les oisillons du vent et les prédateurs repèrent moins les nids. Mais cette alouette est en voie de disparition, elle nichait plus que sur le petit îlot de Razo jusqu’en 2018.

Paysage de Santa Luzia et habitat de l’alouette de Raso
On voit donc que chaque espèce que ça soit au Cap-Vert ou en Bretagne est adaptée à son environnement et ça Darwin l’a repéré pendant son voyage et il va l’écrire dans son livre sur la théorie de l’évolution. Il remarque que chaque être vivant s’adapte à son milieu et utilise les ressources disponibles pour faire sa vie, construire sa maison, se nourrir et ça c’est très intéressant !

Maintenant, place au jeu des différences. Victor montre aux élèves plusieurs dessins formant une fresque temporelle de 1600 à 2200. L’objectif est de comprendre les changements survenus sur l’île de Santa Luzia, de l’arrivée des premiers colons portugais, en passant par l’escale de Charles Darwin, puis de Captain Darwin et en finissant par un saut dans le futur pour imaginer ce que sera le paysage de cette île dans 200 ans. Le but est d’expliquer aux enfants que l’alouette a nichée par le passé sur Santa Luzia avant qu’elle ne disparaisse suite aux prédations des chats sauvages apportés par les colons. Mais c’est aussi l’occasion pour Victor de nous expliquer le travail de l’association Biosfera, qui travaille depuis longtemps à la sauvegarde de l’Alouette de Raso. En 2018, ils ont organisé la translocation de cette espèce de l’île de Razo à l’île de Santa Luzia. L’alouette a donc été réintroduite et une nouvelle population vit maintenant sur cette île.

En voilà une belle action citoyenne ! Maintenant, Violette va nous expliquer les problèmes que les hirondelles rencontrent : “les humains mettent des fils électriques où elles font leurs nids ou ils les enlèvent et les cassent ”. Mais le dérèglement climatique cause aussi des problèmes, il engendre une multiplication de phénomènes extrêmes comme les tempêtes notamment dans le désert du Sahara. Ces tempêtes impactent directement les hirondelles lors de leur migration. Un autre problème est lié aux vagues de froid qui arrivent en France alors que les hirondelles sont déjà présentes au début du printemps, elles peuvent mourir gelées et leurs proies aussi, rendant la recherche de nourriture très complexe.

Les alouettes au Cap-Vert subissent aussi les conséquences du dérèglement climatique, il pleut de moins en moins sur les îles, il va y avoir des sécheresses et les petits végétaux vont moins bien pousser. La pluie a aussi le mérite de rendre la terre plus molle et plus facile à creuser pour les alouettes qui voudraient faire leur nid. Il y a quelque chose de similaire au niveau de la construction des nids des hirondelles en Bretagne. La terre argileuse est de moins en moins présente due à la bétonisation des zones naturelles, elles doivent donc aller chercher ces matériaux de plus en plus loin.

Voyons maintenant quelles idées ont eu les CE1/CE2 de Nizon pour aider les hirondelles: “ il faut informer les villes pour pas que les humains enlèvent les habitats, mettre un bac avec de la terre jaune argileuse pour qu’elles fassent leurs nids très rapidement et puis construire des nids pour les hirondelles avec la LPO”. Le constat final c’est que même si les humains sont à l’origine de nombreux problèmes environnementaux, ils peuvent aussi mener des actions en faveur de la biodiversité, pour améliorer la vie des animaux et des végétaux. Victor a pu le constater au Cap-Vert avec la réintroduction de l’alouette de Raso. En Bretagne on peut aussi faire des choses pour les hirondelles, comme l’ont expliqué les élèves, on peut construire des nids, mettre en place des bacs à boues et faire en sorte que les conditions d’accueil soient meilleures pour les aider à vivre.

A la fin de cet échange, les élèves ont pu poser des questions à Victor, ils ont notamment demandé s’il avait pu goûter du cacao. Le Brésil étant le pays du cacao, il a pu goûter à la fève de cacao et en a profité pour faire son stock en chocolat. Peut-être restera-t-il une tablette pour les élèves de Nizon ?

Victor nous montre à quel point il est riche en chocolat et garde une tablette spécialement pour Nizon
Rédaction : Eva Texier, stagiaire en charge de la coordination des programmes scientifiques et pédagogiques de l’association Captain Darwin.

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